ProcèsJoël Le Scouarnec restera «à jamais un pédophile», plaide une avocate de parties civiles
AFP
20.5.2025
«Tu es et tu resteras à jamais un pédophile», a lancé mardi à Joël Le Scouarnec Me Francesca Satta, avocate de victimes du médecin pédocriminel, incarnant dans sa plaidoirie la petite voisine qui l'avait dénoncé après avoir été violée en 2017 en Charente-Maritime.
Ce croquis d'audience réalisé le 4 mars 2025 montre le chirurgien français à la retraite Joël Le Scouarnec (G) s'exprimant lors de son procès pour avoir agressé ou violé 299 patients, au tribunal correctionnel de Vannes.
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20.05.2025, 14:51
Marjorie Kublun
C'est grâce au témoignage de cette enfant de six ans, représentée à l'époque par Me Satta, que Joël Le Scouarnec, 74 ans, a pu être incarcéré et jugé. C'est aussi grâce à cette «petite héroïne» que les enquêteurs ont découvert les carnets dans lesquels il consignait scrupuleusement les viols et agressions sexuelles sur ses victimes, révélant l'étendue de ses agissements durant plus de trente ans.
L'ex-chirurgien purge une peine de 15 ans de réclusion pour ce viol sur sa voisine et d'autres mineures après une condamnation à Saintes (Charente-Maritime) en 2020. Il est jugé à Vannes depuis le 24 février pour des violences sexuelles sur 299 victimes retrouvées grâce à ses carnets, qu'il reconnaît en bloc tout en disant n'avoir aucun souvenir précis individuellement.
«Plus aucune attirance pour les enfants»
Il a réaffirmé ne plus avoir aucune attirance pour les enfants depuis son incarcération.
«Vous avez à juger celui qui a inventé le crime sexuel de masse commis par un seul homme, celui dont on ne connaîtra d’ailleurs jamais le nombre exact de victimes», a lancé Me Céline Astolfe aux magistrats à la cour criminelle du Morbihan.
«Un nombre de crimes et de délits» d'une telle ampleur qu'il est généralement du ressort des tribunaux internationaux jugeant les dictatures, relèvera ensuite Me Cécile de Oliveira.
Une trentaine d'avocats représentant quelque 130 parties civiles se sont organisés pour plaider «à l'unisson», a indiqué en préambule Me Astolfe, estimant en leurs noms que «le défi d'un procès utile mais aussi en considération des victimes a été relevé.»
Ces avocats entendent balayer toutes les zones d'ombre qui planent encore sur le «parcours criminel de 35 ans sans obstacle» de Joël Le Scouarnec, «ces questions qui nous hantent et ces silences», a dit Céline Astolfe.
Proches, collègues, administrations, institutions médicales... elle a cité tous ceux qui n'ont «pas pu, pas su ou peut-être pas voulu» agir pour stopper le pédocriminel au fil des ans.
Elle a fustigé en premier lieu «l'institution judiciaire» et son «traitement inapproprié» de l'accusé, condamné pour détention d'images pédopornographiques en 2005 à quatre mois de prison avec sursis, sans aucune interdiction d'exercer de la médecine ni même une obligation de soins.