Après les attaques de Squeezie Jordan Bardella peste contre les «influenceurs multimillionnaires»

AFP

14.6.2024

Squeezie, deuxième YouTubeur le plus suivi de France, a mis en garde vendredi contre «une montée drastique de l'extrême droite», emboîtant le pas à de nombreux influenceurs appelant à se mobiliser pour les législatives. «Squeezie a parfaitement le droit de se positionner mais il faut respecter les Français», a réagi Jordan Bardella.

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«Allez voter les 30 juin et 7 juillet prochains, et gardez en tête que voter pour un parti qui prône la haine, la discrimination, et la peur de l'autre n'a jamais été une solution», a écrit Squeezie à ses quelque 8,8 millions d'abonnés sur Instagram. «Le RN ne vous aidera pas».

De son vrai nom Lucas Hauchard, Squeezie dénonce «les dangers et les lourdes conséquences de l'arrivée d'un parti d'extrême droite au pouvoir»
De son vrai nom Lucas Hauchard, Squeezie dénonce «les dangers et les lourdes conséquences de l'arrivée d'un parti d'extrême droite au pouvoir»
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«(Avec) quelles propositions que nous portons, Squeezie est en désaccord ?», a réagi Jordan Bardella, en déplacement dans le Loiret. «Il ne veut pas augmenter le pouvoir d'achat ? Il ne veut pas rétablir la sécurité ?» «Squeezie a parfaitement le droit de se positionner mais il faut respecter les Français», a ajouté le président du Rassemblement national.

Plus tard, M. Bardella a posté sur ses réseaux sociaux une «lettre ouverte» sur le même format que celle du YouTubeur, reprochant à «des multimillionnaires répondant à la très noble profession d'influenceur» de s'engager «contre des millions de Français, en copiant-collant les argumentaires (...) de la France insoumise».

De son vrai nom Lucas Hauchard, Squeezie, 28 ans, se fait habituellement discret sur ses opinions politiques. Mais après la victoire du RN aux élections européennes dimanche, de nombreux fans réclamaient une prise de position de ce créateur de contenus très populaire.

«Je n'ai jamais voulu vous parler de politique (...) car chacun est maître de ses convictions et je ne veux pas que les miennes influencent les vôtres», écrit-il. «Mais je pense que s'opposer fermement à une idéologie extrême qui prône la haine et la discrimination va au-delà d'une quelconque prise de position politique».

Mouvement d'ampleur

Dans son long message, le créateur de contenus dénonce «les dangers et les lourdes conséquences de l'arrivée d'un parti d'extrême droite au pouvoir» et fustige la «propagande intensive soutenue par certains médias».

«Alors oui, ces dernières années le RN a réussi à lisser son image et à prétendre qu'il n'est pas un parti d'extrême droite», souligne-t-il, avant d'ajouter: «il n'y aucune honte à être tombé dans le panneau». Mais «il n'est jamais trop tard pour reconsidérer les choses et faire évoluer sa réflexion».

Cinq heures après sa mise en ligne, son message comptait près de 1,2 million de +likes+. Le nombre de ses abonnés avait augmenté d'une centaine de milliers sur Instagram mais baissé d'autant sur YouTube.

D'autres influenceurs l'ont relayé, comme les vidéastes Cyprien et Sofyan, respectivement 14,5 et 2,2 millions d'abonnés sur YouTube.

Depuis dimanche soir, de nombreux créateurs de contenus prennent la parole sur les réseaux pour appeler à se mobiliser. Un mouvement qui a commencé timidement mais prend de l'ampleur.

«Voilà pourquoi on doit aller voter le 30 juin», a par exemple partagé mardi sur Instagram Léna Situations, star des influenceuses françaises (4,6 millions d'abonnés), en réponse à un message raciste, tandis que le vidéaste Mister V invitait ses 6,3 millions d'abonnés «à aller voter - et bien sûr, pas pour des +fafs+ (fascistes, NDLR) de merde».

Premier YouTubeur français, Tibo InShape, régulièrement accusé de promouvoir des positions conservatrices voire d'extrême droite, a lui défendu mardi le drapeau tricolore qui, selon lui, n'a aucun lien avec les «opinions politiques».

«Effet boule de neige»

Si d'ordinaire les influenceurs sont plutôt frileux à s'engager politiquement, par peur de froisser une partie de leur audience ou d'abîmer leur image auprès des marques, la prise de parole de Squeezie pourrait en pousser d'autres à s'engager publiquement.

Lancé par Perrineam, une agence qui accompagne les créateurs du web, un groupe d'influenceurs se constitue également pour créer et partager du contenu politique en amont des élections.

Selon Perrine Bon, sa fondatrice, plusieurs centaines d'entre eux l'ont contactée pour intégrer cette initiative.

«Il y a eu un effet boule de neige», expliquait mardi à l'AFP celle qui estime que certains créateurs ne parlent pas immédiatement car ils craignent de «dire des bêtises» ou de manquer de légitimité.

Une soixantaine d'entre eux ont également publié une tribune jeudi dans Le Nouvel Obs mettant en garde contre «l'accession de l'extrême droite au pouvoir».

Parmi les signataires, les vidéastes Manon Bril et Hugo Tout Seul, l'artiste Math C. ou encore la chanteuse Pomme.