Justice – NE Journaliste de 20 Minutes acquitté

ATS

17.12.2019 - 13:24

Le journaliste de 20 Minutes, qui a relaté le procès du double assassinat des Verrières (photo), n'a pas violé une injonction de la justice en relatant un élément de contexte familial (archives).
Le journaliste de 20 Minutes, qui a relaté le procès du double assassinat des Verrières (photo), n'a pas violé une injonction de la justice en relatant un élément de contexte familial (archives).
Source: KEYSTONE/LAURENT GILLIERON

Le journaliste de 20 Minutes, accusé de n'avoir pas respecté une injonction de la justice dans l’affaire du double assassinat des Verrières, a été acquitté mardi par le Tribunal de police de Neuchâtel. La directive de la juge violait la liberté de la presse.

Lors de l'audience de mars du Tribunal criminel du Littoral et du Val-de-Travers à Boudry (NE), la présidente de la Cour, Estelle Mathis Zwygart avait ordonné un huis clos partiel, tranchant entre le respect du rôle des médias et l'exigence de la partie plaignante qui voulait un huis clos total. Pour satisfaire cette dernière, elle avait demandé aux médias de ne pas dévoiler un élément de contexte familial pour protéger une victime.

«Cette ingérence dans le contenu ne reposait sur aucune base légale», a déclaré mardi la présidente du Tribunal de police, Geneviève Calpini Calame pour expliquer l'acquittement du journaliste. L'injonction «n'était pas proportionnée au but visé».

Certes, «le droit à la liberté d'expression n'est pas dépourvu de certaines responsabilités et obligations», a ajouté Geneviève Calpini Calame, mais dans cette affaire, l'anonymat des victimes a été respecté. «Il n'était donc pas justifié de donner d'autres directives pour protéger les enfants», a-t-elle expliqué. L'injonction a donc violé la liberté de la presse.

Audience chahutée

Le ton était monté lors de l'audience du 20 mars au Tribunal criminel à Boudry entre le journaliste de 20 Minutes et la partie plaignante. Voyant que le journaliste n'avait pas suivi la directive de la juge et qu'un article en ligne relatait un élément de contexte familial, la partie plaignante s'était offusqué et avait traité le quotidien de «journal de merde». L'audience avait été suspendue pendant une heure.

La partie plaignante voulait alors que la juge ordonne un huis clos total. Le procureur s'y était opposé. La présidente du Tribunal avait conservé le huis clos partiel mais avait formulé une injonction concernant la publication de certains éléments de contexte familial.

Le journaliste de 20 Minutes en avait alors référé à l'avocat de Tamedia et à sa rédaction en chef et avait décidé de poursuivre sur sa lancée pour les versions papier des jours suivants. Il avait aussi relaté les faits confidentiels sur les ondes de la RTS.

Devoir d'information accru

Lors de l'audience à son procès du 3 décembre, le journaliste s'était défendu en expliquant que s'il avait relevé cet élément de contexte familial, c'était parce qu'il était pertinent de le faire. Selon lui, cette information était nécessaire car elle a pesé sur le verdict de 20 ans de prison ferme et la qualification d'assassinat.

Cité comme comme témoin, le président du Conseil suisse de la presse, Dominique von Burg, avait expliqué que l'accusé avait agi de manière proportionnée et sobre. «On ne souhaite pas qu'un journaliste fasse étalage de tout ce qui est sordide, mais dans ce cas, la valeur informative l'emportait sur la protection de la victime», avait-il déclaré.

Le président du Conseil suisse de la presse avait rappelé que «rendre la justice de manière publique est fondamentale pour la démocratie. Les restrictions doivent être très rares et répondre à un intérêt public très important». Lors d'un huis clos partiel, «le rôle du journaliste est encore plus important et son devoir d'information est accru».

Dans un communiqué diffusé lundi soir, Impressum a apporté son soutien au journaliste en estimant qu'il avait «fait honneur à la profession» en défendant l’intérêt public à une information permettant au public de comprendre la procédure et le verdict. Le journaliste a fourni les éléments-clés du dossier «sans porter atteinte à la personnalité des différents protagonistes impliqués».

L'affaire du double assassinat des Verrières sera de nouveau traitée par la justice prochainement puisque le Ministère public et le prévenu ont fait appel. En première instance, l'accusé avait écopé de 20 ans ferme pour avoir tué son ex-compagne et le nouvel ami de celle-ci.

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