Grande-Bretagne Jusqu'à 27 ans de prison pour la mort de 39 migrants vietnamiens

ATS

22.1.2021 - 16:43

Le 23 octobre 2019, les corps de 31 hommes et de huit femmes âgés de 15 à 44 ans avaient été découverts à bord d'une remorque dans la zone industrielle de Grays, à l'est de Londres (archives).
Le 23 octobre 2019, les corps de 31 hommes et de huit femmes âgés de 15 à 44 ans avaient été découverts à bord d'une remorque dans la zone industrielle de Grays, à l'est de Londres (archives).
ATS

Quatre hommes ont été condamnés vendredi à Londres à des peines allant de 13 à 27 ans de prison pour la mort de 39 migrants vietnamiens en 2019 en Angleterre. Les victimes avaient été retrouvées dans la remorque d'un camion.

Les deux principaux prévenus, un transporteur routier nord-irlandais de 41 ans et un ressortissant roumain de 43 ans, accusés d'être les organisateurs du trafic, ont été condamnés respectivement à 20 et 27 ans de prison pour homicides involontaires et trafic de migrants. Le premier avait plaidé coupable, le second l'avait été déclaré par la cour de l'Old Bailey à Londres le 21 décembre.

Le chauffeur qui conduisait le camion au moment de la découverte des corps, qui avait plaidé coupable, a quant à lui été condamné à 13 ans et quatre mois d'emprisonnement. Le chauffeur de 24 ans qui avait acheminé la remorque jusqu'au port belge de Zeebruges, affirmant qu'il ignorait la présence des migrants à son bord, s'est vu infliger 18 ans de prison.

Le 23 octobre 2019, les corps de 31 hommes et de huit femmes âgés de 15 à 44 ans avaient été découverts à bord d'une remorque dans la zone industrielle de Grays, à l'est de Londres.

Messages glaçants

L'enquête a mis au jour une entreprise «sophistiquée» et «rentable» qui prospérait de longue date, a souligné le juge Nigel Sweeney, évoquant les tentatives désespérées des migrants de «joindre le monde extérieur au téléphone» ou de tenter d'échapper à la mort en essayant de briser le toit de la remorque.

Les victimes sont mortes d'asphyxie et d'hyperthermie dans l'espace confiné du conteneur.

Parmi elles, Pham Thi Tra My, 26 ans, avait envoyé un SMS glaçant à ses proches, quelques heures avant la découverte des corps : «Maman, papa, je vous aime très fort. Je meurs, je ne peux plus respirer».

Les migrants devaient débourser jusqu'à 13'000 livres sterling (15'700 francs environ) pour être acheminés en «VIP», c'est-à-dire avec un chauffeur au courant de leur présence. Au total, sept voyages ont été identifiés entre mai 2018 et le 23 octobre 2019.

Dettes et espoirs

Nombre des victimes de ce drame étaient originaires d'une région pauvre du centre du Vietnam, où les familles s'endettent pour envoyer l'un des leurs au Royaume-Uni, via des filières clandestines, dans l'espoir qu'ils y trouvent des emplois rémunérateurs.

Dans leurs témoignages lus à l'audience par le procureur, les familles des victimes avaient raconté la douleur du deuil et le rêve d'une vie meilleure qui s'évanouissait. «Ca va être très dur pour moi de gagner de l'argent et d'élever notre enfant toute seule», a déclaré Nguyen Thi Lam, qui a perdu son mari dans le drame et n'a pour seules ressources que la culture du riz et un peu d'élevage.

Avant le procès à Londres, sept personnes ont été condamnées le 15 septembre au Vietnam pour leur rôle dans le trafic.

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