Violences sexuellesL'archevêque de Strasbourg se dit «ahuri»
ATS
6.10.2021 - 07:51
L'Eglise catholique court le risque de n'être plus qu'«une petite secte moralisatrice» si elle ne prend pas la mesure des violences sexuelles commises en son sein, a averti mardi l'archevêque de Strasbourg, Mgr Luc Ravel, réagissant à la publication d'un rapport sur le sujet en France. Près de 170 victimes ont été identifiées dans le diocèse de Strasbourg.
Keystone-SDA
06.10.2021, 07:51
ATS
«L'avenir de l'Eglise en France se joue aujourd'hui», a-t-il prévenu lors d'une conférence de presse après avoir tenté, depuis qu'il a pris la tête du diocèse de Strasbourg en 2017, d'y intensifier la lutte contre les abus sexuels.
«Si nous minimisons ce rapport de la Ciase (Commission indépendante sur les abus dans l'Eglise, ndlr), alors l'Eglise du Christ en France n'a plus d'avenir, sinon sous la forme d'une petite secte moralisatrice», a-t-il poursuivi.
L'archevêque a exprimé son «ahurissement» devant les chiffres révélés par la Ciase, sa «honte» sur «la manière dont l'Eglise a géré la chose» jusqu'à aujourd'hui et son «sentiment de petitesse devant le chemin à accomplir».
Protocole avec les procureurs alsaciens
Lui-même a nommé une «déléguée épiscopale à la lutte contre les abus sexuels», mis un place un «code des relations pastorales» ou encore signé un «protocole» avec les procureurs d'Alsace dans lequel il s'engageait «à signaler systématiquement les infractions sexuelles».
Avec ce travail, «je pensais que nous étions, au moins en Alsace, à la moitié du chemin, nous en sommes à peine au tout début», a-t-il reconnu.
En trois ans, son diocèse a identifié 169 victimes. «Si on applique le ratios de la Ciase, avec en moyenne 63 victimes par auteur, et 3% (de religieux auteurs de violences sexuelles), on peut raisonnablement imaginer 5500 à 6000 victimes pour l'Alsace», a-t-il évalué. Mgr Ravel a annoncé avoir reçu «quatre nouveaux signalements» au cours de la seule journée de mardi, après la publication du rapport Sauvé.
Ce rapport estime à 216'000 le nombre de personnes de plus de 18 ans ayant fait l'objet de violences ou d'agressions sexuelles pendant leur minorité de la part de clercs ou de religieux catholiques en France, de 1950 à 2020.
Le nombre de victimes grimpe à «330'000 si l'on ajoute les agresseurs laïcs travaillant dans des institutions de l'Eglise catholique», a précisé Jean-Marc Sauvé, le président de la commission.