Nigeria L'armée retrouve deux «filles de Chibok» huit ans après

ATS

22.6.2022 - 06:55

L'armée nigériane a annoncé avoir retrouvé deux anciennes élèves du groupe dit des «filles de Chibok», enlevées par le groupe djihadiste de Boko Haram il y a huit ans. L'affaire avait provoqué une campagne mondiale baptisée #BringBackOurGirls ("#RamenerNosFilles").

Les deux rescapées du groupe des «filles de Chibok» lors de leur présentation par l'armée à Maiduguri, Nigeria, le 21 juin 2022.
Les deux rescapées du groupe des «filles de Chibok» lors de leur présentation par l'armée à Maiduguri, Nigeria, le 21 juin 2022.
Audu MARTE / AFP

Keystone-SDA

Les deux jeunes femmes faisaient partie des 276 écolières âgées de 12 à 17 ans enlevées de leur pensionnat de Chibok, dans le nord-est du Nigeria. Leurs bébés dans les bras, elles ont été présentées mardi à la presse par l'armée.

Le général Christopher Musa, commandant militaire des troupes dans la région, a déclaré aux journalistes que les jeunes femmes avaient été retrouvées les 12 et 14 juin à deux endroits différents par des soldats. «Nous sommes très chanceux d'avoir pu récupérer deux des filles de Chibok», s'est félicité le général Musa.

La première, Hauwa Joseph, a été retrouvée avec d'autres civils le 12 juin près de Bama après que les troupes ont attaqué un camp de Boko Haram.

L'autre, Mary Dauda, a été retrouvée près du village de Ngoshe dans le district de Gwoza, à la frontière avec le Cameroun. Le 15 juin, l'armée a déclaré sur Twitter avoir trouvé l'une des filles de Chibok nommée Mary Ngoshe. Il s'agit en fait de Mary Dauda.

Plus d'une centaine encore disparues

«J'avais neuf ans quand nous avons été enlevées de notre école à Chibok. Je me suis mariée récemment et j'ai eu cet enfant», a déclaré Hauwa Joseph aux journalistes au quartier général militaire. Son mari a été tué dans le raid de l'armée. «Nous étions abandonnées, personne ne s'occupait de nous. Nous n'étions pas nourries», a-t-elle accusé.

Mary Dauda, qui avait 18 ans lorsqu'elle a été kidnappée, raconte avoir été mariée à plusieurs combattants de Boko Haram, avant de s'enfuir. «Ils vous affamaient et vous battaient si vous refusiez de prier», a-t-elle raconté. «Toutes les filles de Chibok qui restent sont mariées et ont des enfants. J'en ai laissé plus de 20» dans le village où je vivais, a-t-elle décompté.

Sur les 276 écolières enlevées en 2014, 57 d'entre elles avaient réussi à prendre la fuite et 80 autres avaient été échangées contre des commandants de Boko Haram dans le cadre de négociations avec les autorités. Par la suite, d'autres filles ont été retrouvées mais plus d'une centaine restent portées disparues. Selon les vidéos de propagande, beaucoup auraient été mariées de force à des combattants djihadistes.

Depuis l'enlèvement «des filles de Chibok», de nombreuses autres écoles ou universités ont été attaquées dans le nord du Nigeria ces dernières années, certaines par des djihadistes, mais surtout par des groupes criminels qui pratiquent des enlèvements de masse contre rançons.