Procès Hinduja à GenèveLa belle-fille: «Le personnel se trouvait au même étage que mes enfants»
mf, ats
11.6.2024 - 14:30
La belle-fille Hinduja a été interrogée, mardi matin, par le Tribunal correctionnel de Genève, au deuxième jour du procès où elle, son mari et ses beaux-parents absents sont jugés pour traite d'êtres humains par métier. Tous sont accusés d'avoir exploité pendant de nombreuses années du personnel de maison dans la propriété que cette richissime famille indienne possède à Cologny (GE).
Keystone-SDA, mf, ats
11.06.2024, 14:30
ATS
«J'étais très jeune quand je suis arrivée à Genève», raconte aux juges cette femme fluette de 50 ans. Sur les bords du Léman, elle se trouve face à «un système établi». Au départ, elle explique ne pas avoir été consciente du salaire misérable que touchait la femme indienne qui avait pour tâche de s'occuper de ses enfants en bas âge.
La prévenue sait uniquement que le salaire mensuel en roupie de la nounou était plus élevé que celui qui lui était versé à Dubaï. Le premier procureur Yves Bertossa fait la conversion en francs. Cette femme qui ne voyait pas sa famille onze mois par année percevait entre 50 et 100 francs par mois aux Emirats et 150 francs en Suisse.
«Je regrette de ne pas avoir regardé le montant de son salaire plus en détail, plus tôt», concède la belle-fille Hinduja. Quand elle parle de la plaignante qui l'a aidée à élever ses enfants et qui a été à son service pendant 16 ans, la prévenue n'est pas avare d'éloges. «C'était mon bras droit, comme une soeur», indique-t-elle.
Rythme de travail contesté
Selon l'accusation, les employés de maison indiens embauchés à la villa de Cologny travaillaient sept jours sur sept, 18 heures quotidiennement. La prévenue conteste vigoureusement ces faits. Selon elle, il n'y avait pas assez de tâches à accomplir pour justifier un tel rythme de travail sans interruption.
La belle-fille Hinduja a aussi été interrogée sur les conditions de logement du personnel indien. Les employés dormaient à plusieurs dans une chambre au sous-sol dont l'unique ouverture sur l'extérieur était un «vasistas obstrué», selon les mots de la présidente du tribunal Sabina Mascotto.
«Le personnel se trouvait au même étage que mes enfants», déclare la prévenue. Des propos qui font tiquer la présidente du tribunal qui lui fait remarquer que la chambre des enfants était dotée d'une fenêtre qui donne sur le jardin de la villa. «C'est un point de vue», rétorque la belle-fille Hinduja.
La prévenue conclut son interrogatoire en soulignant qu'elle, son mari et ses beaux-parents «sont choqués» d'être accusés de traite d'êtres humains. «D'entendre que nous avons maltraité du personnel indien n'est pas cohérent avec tout ce que nous avons fait ces 25 dernières années», insiste-t-elle.
Le procès se poursuit mardi après-midi avec l'interrogatoire du comptable et de l'administrateur de la famille Hinduja. Ce gestionnaire de 64 ans est jugé pour complicité de traite d'êtres humains.