Procès à BâleLa femme avait minutieusement préparé le meurtre de l'écolier
ATS
30.7.2020 - 12:49
Le procès de la septuagénaire qui avait tué un écolier de sept ans l'an passé à Bâle débutera le 10 août. La femme, qui souffrirait de troubles psychiques aigus aurait minutieusement préparé son coup, selon l'accusation. Cette dernière demandera l'internement.
Le crime avait soulevé émotion et incompréhension dans tout le pays: le 21 mars 2019, vers 12h40, un écolier qui rentrait à la maison avait été poignardé dans le quartier de Gotthelf, à Bâle. Le malheureux avait succombé à ses graves blessures.
L'auteure présumée est une Suissesse âgée aujourd'hui de 76 ans. Elle s'est approchée par derrière de l'enfant qu'elle ne connaissait pas avec l'intention de le tuer, selon l'acte d'accusation qui sera produit devant le Tribunal pénal de Bâle-Ville. La femme l'a alors poignardé, le blessant notamment d'un puissant coup de couteau à la gorge. Elle a quitté les lieux après s'être assurée qu'il était mortellement atteint. Elle s'est rendue aux autorités une heure plus tard.
Planification méticuleuse
Selon l'accusation, la septuagénaire a planifié méticuleusement et de longue date cette attaque gratuite. Elle souffre d'une affection délirante chronique, soit une forme de quérulence très grave. Ce trouble est développé progressivement depuis 1977 et a été diagnostiqué par trois expertises psychiatriques.
Le déclencheur serait des démêlés judiciaires de son compagnon décédé en 1999, auxquels elle aurait été mêlée. En particulier l'évacuation forcée de leur appartement à Allschwil (BL) en 1992. Le couple s'était retrouvé temporairement sans toit.
Durant plus de 40 ans, l'accusée a écrit des lettres toujours plus virulentes aux autorités. Elle demandait en substance que ses biens lui soient rendus. Ces courriers rempliraient plus de dix cartons à bananes. Dès 2002, ils ont été fréquemment assortis de menaces de mort.
Dans un hôtel
La septuagénaire a grandi dans le canton de Lucerne. Après une formation d'auxiliaire postale et de collaboratrice spécialisée, elle a travaillé comme employée de commerce à Bâle. Elle s'est retrouvée au chômage dès les années 1980. Jusqu'au crime, elle vivait dans un hôtel de la ville rhénane.
En 2003 et 2005, elle a suivi des traitements psychiatriques dans le cadre d'une privation de liberté à des fins d'assistance. Plusieurs procédures ont été aussi menées pour violences et menaces contre l'autorité et les fonctionnaires.
Trois jours avant les faits, l'accusée a commencé à planifier ses actes en détail. Selon ses déclarations, elle a parcouru le quartier de Gotthelf «comme un tigre». Elle a préparé aussi des projets de SMS qu'elle projetait d'envoyer après le crime. Elle expliquait qu'elle avait tué afin que ses biens lui soient rendus. Dans la version finale, elle a indiqué qu'elle tuerait un enfant.
Le Ministère public demande l'internement de la septuagénaire jugée irresponsable en raison de son état psychique.