France La gauche défile dans plusieurs villes contre l'extrême droite

ATS

12.6.2021 - 16:07

Militants politiques et syndicaux, activistes écolos et associatifs de divers secteurs défilent ensemble samedi dans de nombreuses villes de France pour dénoncer «les attaques contre les libertés». Elles se multiplient selon eux à la faveur de la montée de l'extrême droite et de lois «liberticides».

La «Marche» a lieu dans plus de 140 ville 
La «Marche» a lieu dans plus de 140 ville 
KEYSTONE/AP Photo/Lewis Joly

Keystone-SDA

La «Marche des libertés» est une sorte de grand rattrapage pour les milieux militants de tous secteurs après un an et demi de crise sanitaire qui a compliqué l'organisation de manifestations. Le sujet des libertés s'est imposé de lui-même aux dires des initiateurs de l'appel, le député Insoumis Eric Coquerel et le porte-parole de Générations Thomas Portes.

Car ils savaient que la montée de l'extrême droite dans le pays, selon eux aussi électorale que culturelle, est actuellement un thème majeur de colère pour les gauches, surtout en l'absence pour l'heure d'une alternative forte de ce côté-ci de l'échiquier politique à Marine Le Pen et Emmanuel Macron en vue de l'élection présidentielle de 2022.

Engagements variés

CGT, FSU, le Syndicat de la magistrature ou encore l'UNEF côté syndical, la Ligue des droits de l'homme, la Cimade, Oxfam ou encore Attac du côté des ONG, Youth for climate et France nature environnement pour les défenseurs du climat, tous les partis de gauche: ce sont en tout plus de cent organisations qui seront représentées.

La «Marche» a lieu dans plus de 140 villes. A Paris, après une conférence de presse à 12H45, elle débutera à 14H00 place de Clichy, pour rejoindre la place de la République par le boulevard Magenta.

«La très grande diversité m'impressionne. Ça montre qu'il y a un souci d'autoritarisme du pouvoir, et une pression idéologique et électorale de l'extrême droite qui touchent tout le monde», estime Eric Coquerel, qui reconnaît que l'ampleur de la mobilisation dans la rue samedi est imprévisible.

Pour Thomas Portes, également président de l'Observatoire national de l'extrême droite, la marche a une «importance capitale»: «On sent sur le terrain que les gens (de gauche) en ont marre de prendre des coups».

Darmanin dans le viseur

Accusations d'islamogauchisme, polémique sur les réunions non-mixte, manifestation des policiers, scores du RN dans les sondages.... puis plus récemment vidéo du Youtubeur Papacito simulant un meurtre d'électeur insoumis, et gifle à Emmanuel Macron par un sympathisant se disant «patriote»: l'atmosphère du pays nécessitait une réaction aux yeux de nombreux militants.

La France insoumise a d'ailleurs annoncé vendredi que sa plainte contre Papacito s'accompagnait de 4000 plaintes de militants insoumis, en faisant une raison supplémentaire de manifester samedi.

La diversité de la mobilisation, à confirmer sur le terrain, ne pourra cependant pas faire oublier les divisions qui minent la gauche, même sur les sujets de laïcité, des libertés et de sécurité, chose inconcevable il y a plusieurs années.

La participation des chefs socialiste Olivier Faure, communiste Fabien Roussel et du potentiel candidat à la présidentielle écologiste Yannick Jadot à la manifestation des policiers devant l'Assemblée nationale, le 19 mai, a profondément secoué les partis de l'intérieur.

«Nos libertés en danger»

Les manifestants s'élèvent aussi samedi contre le gouvernement et la droite, qu'ils accusent de courir après l'extrême droite. «On avait un président de la République qui voulait se présenter comme un rempart contre l'extrême droite et pour nos libertés» mais «nos libertés sont véritablement en danger» et «un vrai sursaut est nécessaire», a fait valoir le numéro un des Verts Julien Bayou à France Inter samedi.

Les participants visent «les lois liberticides» du gouvernement, comme la loi Sécurité globale et certains de ses articles, par exemple la sanction de «la provocation à l'identification des forces de l'ordre», censurée par le Conseil constitutionnel le 20 mai.

Nul doute qu'ils célèbreront le nouveau désaveu infligé par le Conseil d'Etat jeudi au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, conspué à gauche. La haute juridiction a annulé plusieurs dispositions phares du schéma du maintien de l'ordre, dont la technique de la «nasse» et l'obligation faite aux journalistes de quitter les manifestations.