Alina, Alex, Daniel, Kiril et Lilia sont âgés de 8 à 14 ans. Depuis le début de la guerre en Ukraine il y a deux mois, ils dorment avec leur famille à l'abri des bombes dans un grand parking souterrain à Kharkiv, dans l'est du pays.
Alina, 9 ans, qui vit avec sa famille dans un parking souterrain à l'abri des bombes, le 23 avril 2022 à Kharkiv, en Ukraine.
Alex, 14 ans, qui vit avec sa famille dans un parking souterrain à l'abri des bombes, le 23 avril 2022 à Kharkiv, en Ukraine.
Daniel, 13 ans, qui vit avec ses parents dans un parking souterrain à l'abri des bombes, le 24 avril 2022 à Kharkiv, en Ukraine.
Lilia, 8 ans, qui vit avec sa famille dans un parking souterrain à l'abri des bombes, le 23 avril 2022 à Kharkiv, en Ukraine.
Des enfants et leurs familles à l'abri des bombes dans un parking souterrain, le 23 avril 2022 à Kharkiv.
Des enfants, qui vivent avec leurs parents dans un parking souterrain à l'abri des bombes, le 23 avril 2022 à Kharkiv, en Ukraine.
«La guerre se terminera, j'ai fait un voeu»
Alina, 9 ans, qui vit avec sa famille dans un parking souterrain à l'abri des bombes, le 23 avril 2022 à Kharkiv, en Ukraine.
Alex, 14 ans, qui vit avec sa famille dans un parking souterrain à l'abri des bombes, le 23 avril 2022 à Kharkiv, en Ukraine.
Daniel, 13 ans, qui vit avec ses parents dans un parking souterrain à l'abri des bombes, le 24 avril 2022 à Kharkiv, en Ukraine.
Lilia, 8 ans, qui vit avec sa famille dans un parking souterrain à l'abri des bombes, le 23 avril 2022 à Kharkiv, en Ukraine.
Des enfants et leurs familles à l'abri des bombes dans un parking souterrain, le 23 avril 2022 à Kharkiv.
Des enfants, qui vivent avec leurs parents dans un parking souterrain à l'abri des bombes, le 23 avril 2022 à Kharkiv, en Ukraine.
La deuxième ville d'Ukraine - près d'1,5 million d'habitants avant la guerre - est visée chaque jour par des roquettes russes. Des frappes aléatoires, espacées, à toute heure du jour ou de la nuit, parfois meurtrières, et qui visent particulièrement des quartiers d'habitations du nord et du nord-est, près de la ligne de front.
Dans le parking souterrain froid et humide où ils s'abritent, les cinq enfants ont raconté à l'AFP comment ils ont vécu le début de la guerre, leur vie au quotidien, les bombardements et leurs espoirs de paix.
Voici leurs témoignages.
Alina, 9 ans: «La guerre se terminera, j'ai fait un voeu»
«Le 24 (février), j'avais très peur, je tremblais. La première nuit nous avons dormi sur des chaises, plus tard nos parents ont apporté des lits pour les enfants, donc les enfants dormaient sur des lits et nos parents sur des chaises. Le premier jour ici, il n'y avait que deux bancs. Puis nous avons tout apporté: les couvertures, les oreillers, la vaisselle.
J'ai commencé à beaucoup pleurer: je m'inquiétais pour tout le monde, quand il y avait des bombardements ou des sirènes. Je suis surtout inquiète pour ma famille et mes amis, qui sont partis (de Kharkiv), pour ma grand-mère qui est partie récemment dans son village situé à 15 km de la Russie. Je ne veux pas partir, car il y a ma famille, ma ville. Je suis née ici.
Le matin on a des cours en ligne, l'après-midi je fais mes devoirs et pour la nuit on vient ici. Mon entraînement de kickboxing et mes cours de danse me manquent.
La victoire pour moi serait quand je serai très heureuse. La guerre ne se terminera pas tout de suite, mais dans quelques semaines, elle se terminera, j'ai fait un vœu.
Mon anniversaire c'était le 25 février. Je me suis réveillée, mes parents voulaient rentrer à la maison pour me faire de la cuisine, mais il y avait des bombardements. J'étais inquiète, je tremblais, c'était le jour de mon anniversaire, le deuxième jour de guerre, et on ne pouvait pas le fêter. J'espère que je fêterai mon prochain anniversaire sous des feux d'artifice, mais pas comme ceux-là (les bombardements).»
Alex, 14 ans: «Je ne réalise toujours pas ce qui se passe»
«Au début, quelqu'un a appelé mon père et nous a dit de partir dans l'ouest de l'Ukraine ou ailleurs. Mon père ne voulait pas partir, il a dit que nous resterions à Kharkiv. C'était effrayant la première semaine. Après on s'y est habitué. Le premier jour, nous sommes restés à la maison, on écoutait les informations. Puis mes parents ont vu que les gens commençaient à descendre ici (dans le parking sous-terrain). On s'y est installé aussi, on a apporté une table, des chaises pour faire des lits.
Au début, il y avait plein de monde, on ne pouvait pas se déplacer. Après, la moitié des gens sont partis, mais certaines personnes reviennent maintenant.
Mes amis, l'école, les entraînements de kickboxing me manquent. En semaine, le matin, je rentre chez moi pour faire mes devoirs, puis je reviens ici pour déjeuner, jouer à des jeux, aux cartes, au téléphone... On s'y est habitué. Nos parents ne nous disent pas les détails de la guerre. Nous savons que des missiles frappent des bâtiments, des terrains de jeux. Nous savons que la guerre continue.
Je ne réalise toujours pas ce qui se passe, ni pourquoi. Je sais seulement que des gens meurent, que des missiles frappent des immeubles. J'espère que ça va finir, que les présidents (ukrainien et russe) s'accorderont pour obtenir la paix.»
Daniel, 13 ans: «Je pensais juste que ce n'était pas vrai»
«J'étais très nerveux quand ça a commencé. J'étais inquiet pour moi et pour mes parents. Je n'ai pas entendu les premiers bombardements. Ma mère m'a réveillé en disant: "Mon fils, il y a la guerre". Je ne savais pas ce que nous allions faire, si nous allions partir, ou s'il y avait un abri anti-bombes. Je ne voulais pas partir, je voulais rester ici. J'étais inquiet, je ne comprenais pas bien ce qui se passait, je pensais juste que ce n'était pas vrai et que cela se terminerait le lendemain. Plus tard, j'ai réalisé que ça ne se terminerait pas le lendemain.
Quand nous sommes arrivés ici, il y avait trop de monde, je pense que tout le monde (du quartier) est venu ici. Les premiers jours, on dormait sur des cartons.
Généralement, je me réveille, je prends mon petit-déjeuner, je joue avec des amis, je sors du bunker dehors pendant un moment. Nous étudions en ligne, via Zoom, et nous faisons nos devoirs en «salle de classe» virtuelle. Mes camarades de classe, qui sont partis dans une autre ville (d'Ukraine) ou un autre pays, n'étudient pas en ligne: ils vont dans des écoles là où ils ont déménagé.
J'espère qu'il y aura la paix, pas d'explosions, de sirènes. Que tout sera calme. Le jour de la victoire pour moi ce sera quand je me réveillerais et que ma mère me dirait "mon fils, tout est fini maintenant".»
Kiril, 13 ans: «Personne ne doit se battre»
«Je me suis réveillé (le 24 février) et j'ai cru que c'était un feu d'artifice: mais non ! J'ai appelé mes amis pour leur demander ce qui se passait. Tout le monde paniquait. Ma mère travaille dans un hôpital, elle a été appelée pour y aller.
Je suis venu ici avec un ami, mais c'était fermé. Mais après je suis revenu avec les parents. Il faisait totalement noir, c'était sale. Le lendemain, les gens ont apporté des canapés, c'est devenu plus confortable.
Avant (la guerre), je pouvais me promener dans un parc avec mes amis et mes parents, rendre visite à ma grand-mère. J'avais même prévu d'aller la voir, mais la guerre a commencé et tous les projets se sont effondrés. Je pensais que cela prendrait une semaine, mais maintenant cela fait déjà deux mois.
J'essaie toujours de trouver des moyens d'apporter quelque chose ici pour les gens. Beaucoup de gens ont peur, mais je n'ai pas peur, j'essaie de soutenir tout le monde, je connais tout le monde ici, donc je le fais pour eux, je veux être gentil.
Il est évident que nous devons vivre en paix, personne ne doit se battre. Un jour, ça finira quand même. Je veux que les présidents (ukrainien et russe) se parlent, qu'ils arrêtent (la guerre). Bien sûr, je voudrais que nous gagnions, que nous reprenions nos terres.»
Lilia, 8 ans: «J'ai envie de respirer de l'air frais»
«Ma mère s'est réveillée quand ma grand-mère l'a appelée et lui a dit: "(Les Russes) ont commencé à tirer". J'ai entendu ça et j'ai eu très peur, je pleurais. Plus tard, à 6 heures du matin, nous sommes venus chez grand-mère - elle habite ici -, puis nous avons entendu que des gens allaient au bunker (le parking), nous les avons rejoints. Il y avait 200 personnes le premier jour, il faisait très froid. Les parents nous ont fabriqué un lit. Nous dormons ici depuis le premier jour, il faisait très, très froid avant.
On respire beaucoup de poussière. Je n'aime pas ça, j'ai envie de respirer de l'air frais. Je pensais que dans ma vie, il n'y aurait jamais la guerre. Avant, je prenais des cours de danse et de patinage artistique; maintenant, je ne peux plus le faire.
Je pense que nous fêterons nos anniversaires, le mien, celui d'Alex, d'Alina... Nous ferons des barbecues, tout le monde sera avec nous. Ce sera la fin de la guerre pour moi».