«Génocide» La justice rouvre un dossier visant le chef du Polisario
ATS
29.9.2021 - 19:01
29.09.2021, 19:01
L'enquête pour «génocide» visant en Espagne le chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, Brahim Ghali, a été rouverte à la suite d'un vice de procédure, a annoncé mercredi la justice espagnole. Celle-ci avait classé l'affaire fin juillet.
«L'Audience nationale a révoqué le non-lieu dicté par le juge Santiago Pedraz le 29 juillet à propos du leader du Polisario Brahim Ghali à la suite d'une plainte déposée contre lui par l'Association sahraouie pour la défense des droits de l'homme (ASADEDH) contre Brahim Ghali pour des délits de génocide», a indiqué la justice dans un communiqué, évoquant plusieurs erreurs de procédure.
Fin juillet, un juge avait classé l'affaire qui portait sur des «faits présumés commis contre des citoyens marocains entre 1975 et 1990», estimant qu'ils étaient prescrits, que «la commission du délit de génocide n'était pas établie, et que les témoignages des témoins contredisaient les affirmations contenues dans la plainte», déposée en 2008.
L'hospitalisation de Brahim Ghali en Espagne en avril pour des complications liées au Covid-19 avait provoqué la colère du Maroc, ennemi juré du Front Polisario. Entendu le 1er juin par la justice depuis l'hôpital espagnol où il se trouvait, Brahim Ghali avait pu rentrer en Algérie, principal soutien du Front Polisario, dès le lendemain.
Crise diplomatique
Sa présence en Espagne avait déclenché une crise diplomatique majeure entre Madrid et Rabat, dont le point culminant a été l'arrivée mi-mai de plus de 10'000 migrants dans l'enclave espagnole de Ceuta à la faveur d'un relâchement des contrôles par les autorités marocaines. Brahim Ghali fait l'objet d'une autre plainte, toujours en cours, déposée par Fadel Breika, un dissident du Front Polisario naturalisé espagnol.
La question du Sahara occidental, considéré comme un «territoire non autonome» par l'ONU en l'absence d'un règlement définitif, oppose depuis des décennies le Maroc au Front Polisario. Les indépendantistes du Polisario réclament un référendum d'autodétermination prévu par l'ONU, tandis que le Maroc, qui contrôle plus des deux tiers de l'ex-colonie espagnole, propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté.
Mercredi, la justice européenne a par ailleurs infligé un revers au Maroc et à l'Union européenne en annulant deux accords de partenariat commerciaux concernant le Sahara occidental, comblant ainsi une demande du Front Polisario.