ProcèsLa justice se penche sur le braquage de Chavornay
gsi, ats
4.7.2022 - 09:18
Un nouveau procès s'est ouvert lundi à Renens en lien avec les attaques de convoyeurs de fonds, qui s'étaient multipliées dans le canton de Vaud entre 2017 et 2019. Deux Genevois font face aux juges, accusés d'avoir été impliqués dans le braquage de Chavornay.
04.07.2022, 09:18
04.07.2022, 09:24
ATS
Ce 8 février 2018, en début de soirée, un fourgon roule sur l'A1 en direction de Lausanne lorsque l'un des deux convoyeurs reçoit un coup de téléphone: sa fille a été kidnappée et séquestrée par des individus armés à Lyon.
Le convoyeur et son collègue chauffeur, qui s'avère être un complice des malfrats, sont sommés de quitter l'autoroute et de s'arrêter dans un parking, à l'entrée de Chavornay.
Ils sont alors braqués par trois individus cagoulés et armés de pistolets mitrailleurs. Un butin estimé à plus de 25 millions de francs est dérobé.
Ce braquage rocambolesque, tel que décrit dans l'acte d'accusation, a impliqué de nombreuses personnes. Au printemps 2019, un coup de filet de la police a permis d'arrêter une quinzaine de suspects, la plupart en France (où ils sont poursuivis) mais aussi en Suisse.
«Courroies de transmission»
Deux prévenus helvétiques de la bande se retrouvent ainsi lundi à Renens, où le Tribunal criminel du Nord vaudois doit siéger durant trois jours.
Selon l'acte d'accusation, ces Genevois de 31 et 32 ans auraient été contactés, dès 2016, par le convoyeur-complice. Un Français qui, «ayant constaté divers manquements au niveau des mesures de sécurité», aurait eu l'idée d'attaquer un fourgon de son entreprise.
Les trois hommes, bientôt rejoints par d'autres, ont d'abord tenté un braquage à Daillens en janvier 2017, mais sans succès. Ils ont alors élaboré un plan pour Chavornay avec, comme nouvelle idée, de faire pression sur un convoyeur en kidnappant sa fille.
Les deux Genevois auraient contribué à l'organisation du hold-up, notamment lors de réunions et repérages. Ils auraient aussi servi «de courroies de transmission» entre le convoyeur-complice et le responsable de l'équipe chargée de l'assaut, venue de la banlieue lyonnaise, poursuit l'acte d'accusation. Celui-ci ne dit pas, en revanche, si les prévenus genevois ont été actifs le jour même du braquage.
Jusqu'à 10 ans de prison
Selon la procureure, les deux Genevois, qui dorment en prison depuis 2019, paraissent s'être rendus coupables de tentative de brigandage et de brigandage qualifié. Des chefs d'inculpation pour lesquels ils risquent un maximum de 10 ans de détention.
Pour diverses autres activités délictueuses, l'un des deux prévenus doit aussi répondre d'abus de confiance, escroquerie, recel ou encore instigation à vol, à séquestration et enlèvement et à violation de domicile.
Attaques enrayées
L'attaque de Chavornay fait partie d'une série de braquages spectaculaires perpétrés sur des convoyeurs en terre vaudoise entre 2017 et 2019, au Mont-sur-Lausanne (avril 2018 et juin 2019), Daillens (décembre 2019), La Sarraz (août 2019) ou encore Nyon (mai 2017).
Si la plupart des suspects doivent être jugés en France, un premier procès s'est déjà tenu à Lausanne en mars dernier pour l'une des attaques du Mont-sur-Lausanne. Un Algérien, qualifié «d'homme de main», a écopé de 11 ans de prison.
Pour mémoire, les attaques ont cessé depuis que le Conseil d'Etat vaudois a édicté fin 2019 un arrêté urgent, transformé aujourd'hui en loi. Le transport de sommes importantes doit désormais s'effectuer avec des véhicules lourds, munis d'un blindage et équipés d'un dispositif rendant sans valeur le contenu en cas d'effraction.
De plus, le transport se fait dorénavant uniquement de jour (05h00-22h00) et la valeur transportée est plafonnée à 12 millions de francs en billets de banque.