Arabie saoudite La peine de la militante Loujain al-Hathloul confirmée en appel

La militante féministe saoudienne Loujain al-Hathloul, libérée sous conditions il y a un mois, a perdu mercredi son procès en appel à Ryad. Sa condamnation à plus de cinq ans de prison et à une interdiction de voyager de cinq ans a été confirmée, a indiqué sa famille.

Keystone-SDA

10.03.2021, 18:32

ATS

Loujain al-Hathloul, connue surtout pour avoir fait campagne contre l'interdiction de conduire faite aux femmes en Arabie saoudite, a été arrêtée avec une dizaine d'autres militantes en mai 2018, soit quelques semaines seulement avant la levée de cette interdiction en vigueur durant plusieurs décennies.

La militante de 31 ans a été condamnée fin décembre à cinq ans et huit mois de prison en vertu d'une loi «antiterroriste», une peine assortie d'un sursis qui la rendait libérable rapidement car la période passée en détention provisoire a été prise en compte.

Elle a été libérée le 11 février mais reste en liberté conditionnelle pour trois ans.

«Le juge a rejeté l'appel et a confirmé la peine à cinq ans et huit mois de prison, dont trois ans en liberté conditionnelle, et cinq ans d'interdiction de voyager pendant lesquels Loujain ne peut à aucun moment quitter l'Arabie saoudite», a précisé sa famille dans un communiqué.

«Abus de pouvoir»

Mme Hathloul s'était exprimée avant l'audience de mercredi, l'un de ses premiers commentaires publics depuis sa libération: «Espérons que la peine a été changée ou modifiée un peu», a-t-elle confié devant des diplomates étrangers réunis à l'extérieur du tribunal antiterroriste de Ryad.

«La confirmation de la condamnation de ma soeur Loujain est une nouvelle confirmation de l'abus de pouvoir des autorités saoudiennes», a dénoncé Lina al-Hathloul, citée dans le communiqué de la famille.

Selon les frères et soeurs de la militante qui vivent à l'étranger, leurs parents sont également visés par l'interdiction de voyage même s'ils ne sont accusés d'aucun crime.

Sa famille affirme par ailleurs que Loujain al-Hathloul a été victime de torture et de harcèlement sexuel en détention, des accusations niées par les autorités judiciaires.

Si certaines militantes arrêtées à ses côtés ont été libérées sous conditions, d'autres sont toujours emprisonnées sous des chefs d'accusation «opaques», selon des militants des droits humains.