Carnet noir La résistante et déportée Noëlla Rouget est décédée

br, ats

22.11.2020 - 12:55

Noëlla Rouget, en février dernier, lorsqu'elle a reçu les insignes de Grand-Croix de l'ordre national du Mérite, l'une des plus hautes distinctions de l'Etat francais (archives).
Noëlla Rouget, en février dernier, lorsqu'elle a reçu les insignes de Grand-Croix de l'ordre national du Mérite, l'une des plus hautes distinctions de l'Etat francais (archives).
ATS

Genevoise d'adoption, la Française Noëlla Rouget, résistante et déportée, est décédée dimanche dans sa 101e année, ont annoncé ses biographes. Elle avait reçu en février les insignes de Grand-Croix de l'Ordre national du mérite, une très hautes distinctions française.

«Nous perdons une grande amie, une très belle personne qui continuera de nous inspirer». C'est ainsi que ses biographes Brigitte Exchaquet-Monnier et Eric Monnier lui rendent hommage dans un courriel dimanche.

Ils disent leur reconnaissance d'avoir pu l'accompagner ces onze dernières années et de leur avoir accordé, avec ses deux fils, «une immense confiance pour écrire sa biographie. Nous avons eu le grand privilège de lui remettre en juin dernier son exemplaire de Noëlla Rouget la déportée qui a fait gracier son bourreau».

Dans la résistance dès 1940

Née Peaudeau le 25 décembre 1919, Noëlla Rouget s'était engagée dès 1940 dans la résistance à Angers (F), où elle enseignait le français. Arrêtée en juin 1943, tout comme comme son fiancé, elle a été déportée à Ravensbrück (D) le 31 janvier 1944, tandis que son compagnon était torturé puis exécuté en France.

Elle sera libérée en avril 1945. «Comment aurais-je pu imaginer, alors que je pesais 32 kg et que je souffrais de tuberculose, que je serait encore en vie 75 ans plus tard?» avait-elle déclaré en février lors de la cérémonie de la remise des insignes de Grand-Croix de l'Ordre national du mérite à la résidence du consul de France. Peu après, en convalescence à Château-d'Oex (VD), elle rencontrera son futur mari, le Genevois André Rouget, lors d'un bal.

Noëlla Rouget avait dédié «cette noble distinction» à toutes ses camarades de Ravensbrück: «Je suis une des dernières survivantes de l'enfer, j'ai pu tenir cette promesse faite à nos mortes de témoigner autant qu'il m'a été possible de le faire.» Durant de nombreuses années, elle a parlé devant des classes et accompagné des élèves visiter les camps de concentration.

Autres médailles

Elevée à la dignité de Grand-Croix de l'Ordre national du mérite, Mme Rouget rejoint les 142 récipiendaires de cette décoration qui récompense les mérites distingués, militaires ou civils, rendus à la France.

Seules deux Grand-Croix de l’Ordre national du mérite sont remises chaque année. Mme Rouget, qui est déjà Grand Officier, a aussi reçu la Croix de Guerre et la Médaille du combattant volontaire en 1945. En 1961, elle a été nommée Chevalier de la Légion d'honneur et, en 1996, promue Commandeur. Son amie Geneviève de Gaulle-Anthonioz lui avait remis ces insignes à Genève.

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