Pas une invention de hipsters! La trottinette existait déjà il y a cent ans

gusi

5.10.2019

Une des premières trottinettes en Allemagne: le «Motorläufer» de Krupp vers 1920.
Une des premières trottinettes en Allemagne: le «Motorläufer» de Krupp vers 1920.
Getty Images

Ce «véhicule du diable» d’avant-guerre était prisé des gangsters et des facteurs. Les engins à piloter en position debout ne sont pas une nouvelle invention. En 1915, ils parcouraient déjà avec fracas les rues des Etats-Unis et d’Europe.

Elles sont sur toutes les lèvres. Les trottinettes électriques envahissent les villes à travers l’Europe. Les gens n’apprécient pas seulement les trottinettes électriques de location: des milliers de Suisses pilotent désormais leur propre véhicule dans les rues.

Mais en réalité, le concept de trottinette n’est pas nouveau. Il est même très ancien. Les ancêtres des trottinettes actuelles parcouraient déjà les rues au début du siècle dernier. Et à toute vitesse. Les véhicules d’avant-guerre affichaient déjà 30 km/h sur le compteur.

Des trottinettes électriques sont aujourd’hui disponibles à la location à Zurich.
Des trottinettes électriques sont aujourd’hui disponibles à la location à Zurich.
Keystone

Le premier modèle a été lancé sur le marché en 1915 par la société new-yorkaise Autoped Company de Long Island City. Cette trottinette disposait d’un moteur à combustion et fonctionnait à l’essence. Autoped présentait alors son véhicule comme une solution à tous les problèmes de transport: il s’agissait du «véhicule idéal pour les courtes distances» permettant aux travailleurs de se rendre au travail, aux ménagères de faire leurs courses ou aux facteurs d’aller chez leurs clients. La société a bénéficié d’un soutien important: la pionnière américaine de l’aviation Amelia Earhart a même vanté les mérites de la trottinette sur des annonces dans les journaux avec le slogan «A l’avenir, plus personne ne devra courir».

La poste de New York et d’autres villes américaines ont en effet été des clients important d’Autoped. Les facteurs utilisaient les véhicules pour livrer des lettres et des colis. Mais les gangs criminels se servaient également des trottinettes pour échapper à la police dans les ruelles étroites de New York.

Photo d’époque d’un facteur debout sur une trottinette.
Photo d’époque d’un facteur debout sur une trottinette.
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Les détracteurs du «véhicule du diable» moderne y voyaient cependant une épine dans le pied, le jugeant ridicule, dangereux et pénible. Et l’envie sociale a fini par attiser la colère des plus pauvres. Ce véhicule assez cher – 100 dollars, soit aujourd’hui 2 300 francs – n’était accessible qu’aux élites et était donc mal vu.

Pendant la Première Guerre mondiale, la tendance des trottinettes s’est étendue à l’Europe. En 1919, la société Krupp a sorti son propre modèle, le «Motorläufer». Le véhicule était censé «remplir un créneau de marché important entre la motocyclette et la bicyclette ordinaire», faisait savoir le constructeur à l’époque. Avec ce véhicule à traction avant, il suffisait de tirer le guidon vers soi pour débrayer et freiner – et de le pencher légèrement vers l’avant pour accélérer.

L’Autoped en 1918. Le moteur à combustion était fixé à la roue avant.
L’Autoped en 1918. Le moteur à combustion était fixé à la roue avant.
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Un arrêt au bout de quelques années

Tous ces efforts ont cependant été vains. En avance sur leur temps, les premières trottinettes ont fait un flop. Krupp a arrêté la production du «Motorläufer» dès 1922. L’apparition de l’héritier de la société en personne, Alfried Krupp, au guidon de la trottinette dans un film promotionnel n’y a rien changé. L’absence de succès a été attribuée au mauvais état du réseau routier. La crise économique sous la république de Weimar a probablement fait le reste.

L’ancêtre de la trottinette actuelle n’a pas non plus rencontré le succès dans son pays d’origine. En 1921, Autoped a renoncé à poursuivre la production. Les historiens américains sont unanimes: «Elles étaient trop chères pour être laissées à la porte et trop lourdes pour être rentrées.»

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