Témoignage La vie après une attaque à l'acide

dpa

16.3.2019

Son ex-petit ami voulait priver Vanessa Münstermann de sa beauté et la faire souffrir à vie: il y a trois ans, il lui a jeté de l’acide au visage. Dans son autobiographie, elle décrit sans ménagement comment elle a survécu à l’attaque.

L’œil gauche détruit, l’oreille brûlée, la moitié du visage et du cou marqués par une rigidité et des rougeurs: dans les premières semaines qui ont suivi l’attaque à l’acide commise par son ex-petit ami, Vanessa Münstermann ne croyait pas qu’elle pourrait de nouveau partager sa vie avec un homme. Cette femme originaire d’Hanovre est désormais mère d’une petite fille de huit mois. En automne, elle se mariera avec son amour d’enfance.

Son autobiographie «Ich will mich nicht verstecken» («Je ne veux pas me cacher») a été publiée il y a quelques jours chez Rowohlt Taschenbuch Verlag. Dans ce livre, l’esthéticienne revient sur le crime commis par son ex-petit ami, qui purge une peine de douze ans de prison pour lésions corporelles graves. Elle y raconte ses cauchemars, le premier regard dans le miroir, la rééducation, le procès et ses relations avec les hommes. «J’ai donné mes journaux intimes sans même les relire avant», indique la jeune femme à la chevelure bouclée et rebelle. «Il y a des choses dont je ne peux même pas encore parler. Je ne voulais pas faire de blabla. Je voulais être sincère.»

«Je suis très heureuse, mais exténuée de manière chronique»

Vanessa Münstermann a publié un livre.
Vanessa Münstermann a publié un livre.
Keystone

Elle redoute désormais les réactions des lecteurs, comme le raconte la trentenaire dans un café près de Hanovre. Avant l’interview, elle a rendu visite à une femme qui prend soin d’elle depuis longtemps. Un an après l’attaque, Vanessa a fondé l’association «AusGezeichnet» pour soutenir les victimes de brûlures et les autres personnes défigurées.

Son livre de 288 pages a été écrit en collaboration avec Regina Carstensen, qui, selon l’éditeur, avait déjà travaillé avec des auteurs comme le gardien de but Oliver Kahn et l’actrice Allegra Curtis. Grâce à des échanges téléphoniques et à des rencontres, les deux femmes ont pu reconstituer le procès, qui n’était pas décrit dans les journaux intimes. La jeune mère a en outre abordé son état actuel: «Je suis très heureuse, mais exténuée de manière chronique». La prête-plume Regina Carstensen raconte: «J’ai été impressionnée par son autodétermination et par son grand cœur.»

Son agresseur la menace toujours

Vanessa a tendance à minimiser sa propre souffrance physique et psychologique. Depuis l’attaque, elle souffre de troubles du sommeil et d’angoisses, a déjà dû subir une dizaine d’opérations, et d’autres sont encore prévues. L’auteure souligne que son livre s’adresse principalement à sa fille. Elle toujours peur que son agresseur la tue lorsqu’il sortira de prison. Depuis le centre de détention, il lui a écrit des lettres insultantes. En automne, le tribunal de Hanovre a ordonné à son agresseur de lui verser 250'000 euros (environ 280'000 francs suisses) de dommages et intérêts à la suite d’un procès civil. Néanmoins, selon son avocat, l’homme, aujourd’hui âgé de 37 ans, n’a plus les moyens de payer.

Conformément à une décision de justice, l’agresseur de Vanessa Münstermann devra lui verser 250'000 euros (environ 280'000 francs suisses) de dommages et intérêts. Toutefois, selon son avocat, son ex-petit ami n’est pas solvable.
Conformément à une décision de justice, l’agresseur de Vanessa Münstermann devra lui verser 250'000 euros (environ 280'000 francs suisses) de dommages et intérêts. Toutefois, selon son avocat, son ex-petit ami n’est pas solvable.
Keystone

Dans son livre, Vanessa se remet en question. Elle se reproche de ne pas avoir tiré plus tôt la sonnette d’alarme dans sa relation de six mois avec son agresseur. «Je me suis jetée dans la gueule du loup en riant», affirme-t-elle. L’homme l’avait bercée de messages d’amour déposés secrètement dans la boîte à pain le matin et l’avait ensuite mise sous pression par des menaces de suicide. Ce n’est que dans la salle d’audience qu’elle a découvert ses 27 condamnations antérieures et son passé violent.

«Mes journées étaient déterminées par les apparences», reproche Vanessa Münstermann à son soi d’avant. «J’allongeais et je colorais mes cils, mes cheveux n’étaient jamais assez rouges et sauvages, mon maquillage cachait chacune de mes expressions. A la fin, je ne me reconnaissais plus.» Sur ce point, la destruction de son joli visage a été une libération: «A partir de maintenant, tu peux être moche.»

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