BelfortL’armée française teste un nouveau mode de recrutement
ATS
12.7.2024 - 07:43
L'Armée de terre tente de séduire: elle teste depuis fin mai à Belfort une nouvelle méthode de recrutement pour une centaine de jeunes volontaires, incorporés durant quatre mois pour découvrir les rudiments du métier. En point d'orgue, une participation au défilé du 14 juillet sur les Champs-Elysées.
12.07.2024, 07:43
12.07.2024, 07:57
ATS
Habituellement les jeunes recrues s'engagent pour des contrats de plusieurs années, ce qui peut constituer un frein pour des jeunes pas certains de vouloir embrasser une carrière militaire au long cours. Ce module de quatre mois constitue donc un ballon d'essai idéal pour confirmer un éventuel intérêt pour l'armée.
«Tir effectué. Sûreté remise». Amandine, 22 ans, termine un examen au stand de tir militaire du Bois D'Oye, à Bermont, près de Belfort. Dans le tunnel, ça sent la poudre. Les détonations ont claqué alors qu'elle a multiplié les tirs entre 25 et 200 mètres de distance. La Montpelliéraine fait partie de la centaine de jeunes, originaires de toute la France, qui a intégré le 35e régiment d'infanterie le 27 mai.
Elle participe à ce nouveau dispositif de recrutement, baptisé Volontaires découverte de l'armée de terre (VDAT). «C'est une expérimentation», indique le capitaine Steve, commandant de la première compagnie du régiment.
Plus qu'une découverte, les recrues sont amenées à assurer des missions opérationnelles sur le territoire national. Et pas n'importe lesquelles: elles défileront le 14 juillet à Paris et participeront à la sécurisation des Jeux paralympiques. «Leur mission va consister à sécuriser la base sur laquelle vivront les militaires engagés sur les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques», explique l'officier.
«Pied à l'étrier»
«Ce dispositif vise à faire découvrir l'Armée de terre», explique le colonel Philippe Le Duc, chef de corps du 35e régiment d'infanterie, à l'origine de cette expérimentation. «Ce format est beaucoup plus adapté à la vie moderne»: la présente période s'insère ainsi parfaitement dans le calendrier universitaire par exemple.
«L'Armée de terre est aussi confrontée à un problème de connaissance de la population», ajoute-t-il, alors que le service militaire est suspendu depuis 2002. «En dehors de la journée d'appel à la défense, les jeunes n'ont parfois aucun contact avec la défense». Les volontaires peuvent donc devenir «un relais d'information auprès de leur famille et de leurs amis», résume le capitaine Steve.
Ce contrat est «un bon moyen de mettre le pied à l'étrier», estime le capitaine Benoît, commandant adjoint de l'unité.
«Le format est avantageux pour les personnes qui veulent découvrir l'armée», note Rodolphe, 25 ans, originaire de Rennes. Le jeune homme qui veut devenir officier sous contrat spécialisé en communication est en train d'acquérir les savoir-faire du TIOR. Ce sont les techniques d'intervention opérationnelle rapprochée, «une technique de combat de l'armée française», précise le capitaine Benoît, depuis un terrain du régiment, avec la citadelle de Belfort en toile de fond.
«Camaraderie» et «discipline»
«Cela me permet de faire une mission pendant quatre mois», confie Amandine, qui veut devenir sous-officier dans la sécurité civile, mais dont les prochaines sessions de recrutement n'interviendront qu'en 2025.
Cet essai semble en tout cas conforter Jack: «ça confirme ma volonté de m'engager», sourit le jeune homme de 22 ans, originaire de la région parisienne.
Une partie des recrues va s'engager «tout de suite», confirme le capitaine Steve. D'autres vont terminer leurs études avant de revenir. Certains sont «uniquement» là pour découvrir «le milieu militaire». Et d'autres, enfin, auront une carrière civile et s'engageront «dans la réserve opérationnelle».
Les recrues sont à la recherche de «camaraderie», de «discipline» et de «rigueur», résume Amandine. Elles ont surtout conscience de la chance de défiler le 14 juillet et de «représenter le régiment». «C'est un grand honneur», avoue Jack.
Le dispositif a vocation à évoluer en fonction des retours de cette première mise en place. «Nous partons d'une page blanche», résume le colonel Le Duc.