Au moins 80 personnes ont péri, selon un nouveau bilan samedi, lors de l'incendie qui a ravagé l'île de Maui, dans l'archipel américain d'Hawaï. La justice a ouvert une enquête sur la gestion de la crise par les autorités, mises en cause par des habitants.
Incendies à Hawaï: images aériennes de la ville de Lahaina en cendres
Les incendies meurtriers qui ont touché l'archipel américain de Hawaï ont quasiment rasé la ville de Lahaina, où d'innombrables maisons, commerces et voitures ont été réduits en cendres.
12.08.2023
«Le nombre de victimes est de 80», a déclaré samedi le comté de Maui, en précisant que 1418 personnes étaient hébergées dans des centres d'accueil d'urgence. Des rescapés ont commencé à retourner à Lahaina, l'ex-capitale du royaume d'Hawaï quasiment rasée par les flammes, hagards face à leur ville réduite en cendres et pleins d'interrogations.
«Où est le gouvernement? Où sont-ils?», a lancé un homme, visiblement excédé, qui n'a pas voulu donner son nom. Les habitants n'ont pu compter que sur le «réseau noix de coco» – le bouche-à-oreille -, a aussi dénoncé auprès de l'AFP William Harry.
Enquête ouverte
Maui a subi de nombreuses coupures de courant pendant la crise et le numéro d'urgence 911 a cessé de fonctionner dans certaines parties de l'île, tandis que les sirènes d'alerte aux incendies n'ont pas été actionnées.
Un porte-parole de l'agence responsable de la gestion des crises à Hawaï a précisé que des messages d'alerte avaient été diffusées via les téléphones portables des habitants et les médias audiovisuels.
L'existence de multiples feux simultanés a également divisé les efforts des pompiers et, à Lahaina, des dizaines d'habitants pris de court ont dû se jeter à la mer pour échapper aux flammes, selon les garde-côtes.
Dans ce contexte polémique, l'avocate générale de l'Etat américain du Pacifique, Anne Lopez, a ouvert une enquête pour «comprendre les décisions prises avant et pendant les incendies», un audit qui sera rendu public.
Recherche de cadavres
Le désastre est l'une des catastrophes les plus meurtrières de l'histoire récente de l'archipel. Le nombre de morts dépasse celui du tsunami de 1960 qui avait fait 61 morts sur l'île d'Hawaï. Le chef de la police du comté John Pelletier a affirmé jeudi que jusqu'à un millier de personnes pourraient manquer à l'appel. Cela ne signifie pas qu'elles sont officiellement portées disparues ou mortes, a-t-il toutefois souligné.
A Lahaina, ville qui abritait 12'000 habitants, d'innombrables maisons, commerces et voitures ont été dévorés par les flammes, a constaté une journaliste de l'AFP. Les rescapés qui peuvent y rentrer depuis vendredi midi, découvrent au compte-gouttes l'étendue du sinistre.
«Aussi intense que l'enfer»
Même ceux qui ont retrouvé leur foyer intact ont été avertis de potentiels risques sanitaires, après que le réseau d'eau a été partiellement endommagé. Certains craignent d'éventuels pillards. Les autorités locales n'autorisent le retour à Lahaina que de ceux en mesure de prouver qu'ils y résidaient avant ces événements et ont annoncé la mise en place d'un couvre-feu nocturne.
Le président Joe Biden a décrété jeudi l'état de catastrophe naturelle à Hawaï, ce qui permettra de débloquer d'importantes aides fédérales pour financer les secours, hébergements d'urgence et efforts de reconstruction.
Les incendies ont été alimentés par des vents violents, eux-mêmes nourris par la force de l'ouragan Dora, qui passe actuellement dans l'océan Pacifique.
Ces incendies ravageurs interviennent au milieu d'un été marqué par une série d'événements météorologiques extrêmes partout sur la planète, dont une vague de chaleur intense dans le sud des Etats-Unis, des phénomènes liés au réchauffement climatique selon les experts.
Ils se sont propagés d'autant plus facilement que Maui a enregistré cette année moins de pluies que d'habitude. La partie ouest de l'île, où se trouve Lahaina, subit actuellement une sécheresse «sévère» à «modérée», selon le US Drought Monitor.