Amazonie Le dernier survivant d'une tribu vit seul depuis 22 ans dans la forêt

AP

24.7.2018

Alors qu'au Brésil, les agriculteurs et les bûcherons gagnent toujours plus de terrain dans la région amazonienne, les membres de tribus locales tentent de perpétuer leur mode de vie traditionnel. L'un d'entre eux vit seul depuis plus de deux décennies.

Cela fait 22 ans que l'homme vit seul dans la région amazonienne du Brésil. Personne ne connaît son nom et personne ne sait d’où il vient. Il est probablement le dernier survivant de sa tribu, explique l'organisme gouvernemental de la Funai, qui assure la protection des peuples indigènes du pays. Cette année, l'organisation a publié plusieurs vidéos rares de l'homme, qui vit dans l'État brésilien du Rondônia.

Même si les images sont un peu floues et obscurcies par le feuillage de la forêt tropicale, on peut voir l'homme en train d'abattre un arbre. Les coups de sa hache résonnent dans la forêt et on entend des cris d'oiseaux.

L'ermite éveille la curiosité

Ces images datent de 2011. Auparavant, un journal avait déclaré que les seules vidéos de l'homme avaient été tournées par un réalisateur de documentaires dans les années 90. La Funai assure qu'il y a eu bien d'autres signes de vie, comme des traces de pas ou encore des arbres abattus. Les derniers auraient été découverts en mai dernier par des membres de l'organisation.

L'organisme gouvernemental a longtemps hésité à publier la vidéo, explique le coordinateur Altair Algayer. Alors que l'homme n'a pas pu donner son approbation à la diffusion de ces images, ces dernières pourraient également révéler où se trouvent les personnes jugées inaccessibles, qui cherchent dans la jungle un refuge à l'écart du monde extérieur. «Beaucoup cherchent cette vidéo. Ils veulent savoir qui est cet homme, comment on peut le voir et s'il est toujours vivant», a confié Altair Algayer au cours d'un entretien téléphonique. «Je pense qu'en définitive, il est utile de protéger la région.»

Les photos de l'homme datent de 2011.
Les photos de l'homme datent de 2011.
Uncredited/Brazil's National Indian Foundation/dpa

Les autorités l'observent depuis 1996

Le Brésil compte énormément de personnes «inaccessibles» qui, tout comme les groupes indigènes, sont menacées par le développement économique de la région amazonienne. L'année dernière, 71 personnes ont été tuées au cours d'une querelle de territoire, explique la Commission brésilienne en charge des pâturages. On n'avait plus connu pareil massacre depuis 2003.

La Funai observe l'ermite de Rondônia depuis 1996. À l'époque, il vivait déjà seul, explique Altair Algayer. Il pense que la tribu de l'homme a été décimée au cours des assauts de violence organisés par les agriculteurs et les bûcherons à partir des années 80. Manifestement, le dernier autre membre de sa tribu a été tué en 1995 ou 1996.

Aucun contact

«Nous ne savons pas à quelle tribu il appartient», explique Altair Algayer. Les membres de la Funai qui observent l'indigène l'auraient surnommé l'«Indien du trou», car il a creusé un trou incroyablement profond. L'homme aurait entre 55 et 60 ans et serait en bonne santé. La région dans laquelle il vit est protégée. Cela fait des années que plus aucun étranger ne s'y est aventuré, assure la Funai.

Pensant qu'il était en danger, l'organisme avait d'abord tenté d'entrer en contact avec l'homme. Cependant, ce dernier avait clairement fait comprendre qu'il ne voulait aucun contact, explique Altair Algayer. C'est pourquoi en 2005, la Funai a abandonné toute tentative de communication et le laisse depuis vivre seul.

Une visite tous les 2 mois

Environ tous les deux mois, une équipe de la Funai pénètre sur son territoire et se met en quête de signes de vie pour savoir comment il va. Souvent, les membres de l'organisation n'aperçoivent même pas leur protégé. La dernière fois qu'ils l'ont vu, c'était en 2016. Ils lui fournissent régulièrement des outils et des semences et ont pu constater qu'il cultivait du maïs, des pommes de terre, des papayes et des bananes, un signe qu'il est encore en vie.

Pour Altair Algayer, l'homme a prouvé qu'il pouvait survivre seul dans la jungle et n'avait pas besoin de la société moderne, même s'il a tout perdu — sa tribu et une grande partie de sa culture. «Je pense qu'il a eu raison de refuser tout contact avec nous à l'époque. Il est bien mieux ainsi», explique Altair Algayer.

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