«Kong Yiji Mindset»Quand les diplômés chinois se tournent vers des emplois sous-qualifiés
Relax
8.6.2023 - 19:03
Un personnage fictif du XXème siècle, Kong Yiji, un érudit qui ne parvient pas à trouver de travail à la hauteur de ses connaissances, est devenu le symbole des jeunes diplômés chinois. Fortement touchée par le chômage, la jeunesse est de plus en plus contrainte de se tourner vers des emplois sous-qualifiés ou manuels.
08.06.2023, 19:03
Relax
Ces derniers temps, il n'est pas rare de voir sur les réseaux sociaux l'expression «Kong Yiji Mindset» (l'état d'esprit de Kong Yiji). Elle fait référence à une célèbre nouvelle du XXème siècle qui raconte l'histoire de Kong Yiji, un érudit devenu mendiant qui lutte pour gagner sa vie. Malgré ses innombrables connaissances, il ne parvient pas à trouver de travail à la hauteur de ses compétences. Cette histoire, pourtant vieille d'un siècle, semble résonner à l'oreille de jeunes diplômés chinois. Se considérant comme des «Kong Yiji» modernes, ils ne parviennent pas à trouver un emploi qualifié qui leur permettrait de bien gagner leur vie.
En Chine, 20% des jeunes âgés de 16 à 24 ans sont au chômage, contre 4,2% pour les 25-59 ans. En cause? La pandémie et la politique zéro Covid stricte appliquée par la Chine ces trois dernières années. La crise sanitaire a entraîné des mises à l’arrêt régulières, et parfois longues, des services et des entreprises qui n'embauchent plus autant qu'avant. L'économie nationale se complique et décélère. Le taux de croissance du pays était à peine de 3% en 2022, soit le pire chiffre depuis 1976, hors crise Covid). Et la situation ne va pas aller en s'arrangeant pour la jeunesse chinoise puisque près de 11,6 millions de nouveaux diplômés s'apprêtent à entrer sur le marché du travail dans pas longtemps. Un marché du travail saturé qui n'a pas assez d'emplois à offrir à tous ces jeunes.
La Gen Z, plus vraiment en phase avec la société
La quête d’un emploi stable, bien payé et qualifié est donc devenue complexe, et accéder à un enseignement supérieur ne rime plus forcément avec réussite professionnelle. La situation est telle que les diplômés sont contraints d'accepter des emplois moins bien rémunérés que ce que leur pedigree académique leur laissait miroiter, avec moins d'avantages, comme les congés payés. Certains acceptent de se tourner vers la fonction publique, d'autres se résignent même à accepter des emplois non qualifiés, plus manuels.
Récemment, l'histoire d'une jeune étudiante nommée Huangest devenue virale. Étudiante diplômée en économie et en commerce international de l’Université de Zhengzhou, elle s’est tournée, contre toute attente, vers un travail dans une entreprise de ramassage de déchets recyclables. Considéré comme un travail de «col bleu» (emplois de personnes sans formation ou diplôme), elle rapporte profiter d'une plus grande indépendance.
L'idée que la jeunesse chinoise ne se trouve plus en adéquation avec la société en générale n'est pas nouvelle dans l'Empire du milieu. Particulièrement depuis la pandémie. La Gen Z du pays a tendance à rejeter le monde du travail tel qu'il a été conçu par les générations précédentes, comme le montre le mouvement Tangping (ou lying flat) qui remet en question le rythme effréné des travailleurs chinois (le fameux 996) et la société consumériste.