En déplacement en MongolieLe pape dénonce la corruption et appelle à faire plus pour le climat
ATS
2.9.2023 - 05:45
Le pape François a appelé samedi à en faire davantage pour protéger l'environnement et mis en garde contre la corruption. Il s'exprimait dans le cadre d'un déplacement inédit en Mongolie, une jeune démocratie enclavée entre la Russie et la Chine.
Keystone-SDA
02.09.2023, 05:45
02.09.2023, 09:08
ATS
Arrivé la veille, le souverain pontife de 86 ans rencontre samedi la modeste mais active communauté catholique de ce pays d'Asie à majorité bouddhiste. A Oulan-Bator, la capitale, le pape a été accueilli sur un tapis rouge devant une haie de la garde d'honneur mongole, en tenue traditionnelle bleue, rouge et jaune. «Viva il Papa!», a scandé une foule enthousiaste.
Le président de la Mongolie, Ukhnaa Khurelsukh, a reçu le pape jésuite devant une imposante statue de bronze de Gengis Khan, sur l'immense place Sukhbaatar qui abrite le coeur du pouvoir mongol. Saluant la tradition des Mongols de vivre en harmonie avec la nature, François a prôné un «engagement urgent et désormais incontournable en faveur de la protection de la planète Terre».
La Mongolie, l'un des plus gros exportateurs de charbon, a l'une des capitales les plus polluées au monde. Le pape a également mis en garde contre la corruption devant les dirigeants de Mongolie, où un important scandale dans l'industrie du charbon avait provoqué d'importantes manifestations en décembre.
La corruption représente «une menace sérieuse pour le développement de tout groupe humain, en se nourrissant d'une mentalité utilitariste et sans scrupules qui appauvrit des pays entiers», a estimé le souverain pontife.
«Comme si nous voyions Jésus»
Son déplacement est suivi avec passion par de nombreux pèlerins d'autres pays d'Asie qui ont fait eux aussi le voyage en Mongolie pour tenter d'apercevoir le chef de l'Eglise catholique qui compte 1,3 milliard de fidèles. Au premier rang, derrière un cordon de police, Galina Krutilina, 62 ans, est venue spécialement de Moscou avec un ami pour voir le pape.
«Nous sommes arrivés il y a une heure en train», indique à l'AFP cette Russe orthodoxe, qui arbore une croix en or autour du cou. Après plus de 6000 kilomètres de trajet, «nous sommes là parce qu'au sommet de la montagne se trouve Dieu», souligne Mme Krutilina. «Mais il y a beaucoup de chemins pour y arriver».
«C'est comme si nous voyions Jésus», affirme un touriste chinois venu en groupe «spécialement pour voir le pape». «Beaucoup de catholiques en Chine voulaient venir, mais ils n'ont pas pu le faire. Nous sommes bénis», indique-t-il à l'AFP, sous couvert de l'anonymat par peur de représailles.
La religion reste en Chine un sujet sensible. Le parti communiste au pouvoir se méfie de toute organisation, notamment religieuse, pouvant menacer son autorité. Il s'est longtemps méfié du Vatican en raison de son influence potentiellement politique sur les catholiques chinois.
Diplomatie et géopolitique
François doit rencontrer dans la cathédrale Saints-Pierre-et-Paul, dont la nef circulaire ressemble à la tente traditionnelle des nomades de Mongolie, la petite communauté catholique du pays. Elle ne compte que 25 prêtres et 33 religieuses, dont seulement deux Mongols.
Dimanche, le pape prononcera un discours lors d'une réunion inter-religieuse, à laquelle le recteur de l'église orthodoxe russe d'Oulan-Bator devrait assister avec une délégation, et présidera ensuite une messe dans une arène de hockey sur glace récemment construite.
Des pèlerins des pays voisins sont attendus à la messe, a indiqué le Vatican, notamment de Russie, de Chine, de Corée du Sud, de Thaïlande, du Vietnam, du Kazakhstan, du Kirghizstan et d'Azerbaïdjan. Ce déplacement du pape en Mongolie est un geste de soutien à la petite communauté de catholiques qui compte environ 1400 fidèles pour plus de trois millions d'habitants.
Mais ce voyage – le deuxième de François dans la région en un an après celui de septembre 2022 au Kazakhstan – est également stratégique d'un point de vue géopolitique. Autrefois partie intégrante de l'empire de Gengis Khan, la Mongolie dépend de la Russie pour ses importations d'énergie et de la Chine pour l'exportation de ses matières premières, principalement le charbon.
Mais tout en restant neutre vis-à-vis de ses puissants voisins, elle s'est engagée dans une politique de «troisième voisin», renforçant ses relations avec d'autres nations, notamment les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud, dans un souci d'équilibre.
Cela rend la Mongolie potentiellement utile pour les relations du Vatican avec Pékin, avec qui le Saint-Siège a renouvelé l'année dernière un accord sur la question épineuse des nominations d'évêques, et avec Moscou, avec qui François a cherché à négocier la fin de la guerre en Ukraine. Ce déplacement en Mongolie est un test d'endurance pour le pape, qui continue à beaucoup voyager malgré une hernie abdominale opérée en juin et des douleurs au genou qui l'obligent à se déplacer en fauteuil roulant.