Drame de Bex Le procès d'un policier jugé pour meurtre a débuté

sj, ats

23.3.2021 - 09:52

Le procès du policier qui a abattu un père de famille congolais de 27 ans lors d'une intervention à Bex (VD) en 2016 a débuté mardi à Renens. Ce caporal de la police du Chablais doit répondre de meurtre, chef d'accusation passible de cinq ans de prison au moins.

Keystone-SDA, sj, ats

Le 19 novembre 2016 à Lausanne, des manifestants avaient défilé dans les rues en mémoire d'Hervé, le père de famille abattu à Bex par le prévenu le 6 novembre. (archives)
Le 19 novembre 2016 à Lausanne, des manifestants avaient défilé dans les rues en mémoire d'Hervé, le père de famille abattu à Bex par le prévenu le 6 novembre. (archives)
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L'instruction du Ministère public a duré quatre ans. Les juges de la cour criminelle du Tribunal d'arrondissement de l'Est vaudois, délocalisée à Renens pour ce procès de trois jours, doivent déterminer s'il y a eu légitime défense ou geste disproportionné du prévenu, âgé de 52 ans. Des couacs lors de l'intervention seront aussi passés sous la loupe.

Les faits remontent au dimanche soir 6 novembre 2016. La police est appelée pour intervenir dans un immeuble de Bex, où Hervé, père d'un enfant, fait du grabuge. Selon l'acte d'accusation, il est dans un état second. L'autopsie révélera la présence de MDMA dans le sang, une drogue qui peut altérer l'état de conscience.

Porte défoncée

C'est vers 22h00 que les choses se précipitent dans ce bâtiment. Hervé défonce la porte d'un voisin en train de dormir et s'introduit dans sa chambre avec un couteau emballé dans un tissu à la main. Il fait mine de l'égorger puis quitte l'appartement sans le toucher.

Lorsque les cinq agents de police arrivent sur les lieux peu après 22h30, ils se dirigent vers l'appartement d'Hervé qui entrouvre la porte et leur dit de lui ficher la paix. Un bruit ressemblant à une détonation d'une arme à feu retentit et un objet est lancé au sol du corridor depuis son appartement.

Ainsi éconduits, les policiers se positionnent à différents endroits de l'immeuble et tentent de coordonner leur opération. Problème: leurs radios ne fonctionnent pas. Hervé ressort de son appartement en brandissant un couteau à pain. Menaçant, il se dirige vers un des policiers qui réussit à se réfugier dans un autre appartement.

Touchés au thorax et à la cuisse

Le caporal posté à l'entrée de l'immeuble remonte ensuite dans le locatif et voit Hervé courir dans sa direction, toujours le couteau à la main, au-dessus de la tête, prêt à frapper. Malgré deux sommations d'usage, Hervé se rapproche de l'agent.

Alors que les deux hommes se retrouvent à un environ un mètre l'un de l'autre, le caporal tire trois coups de feu, dont deux touchent Hervé, au thorax et à la cuisse droite. Son décès est constaté à 23h41 à la suite de lésions pulmonaires avec hémorragie interne.

L'acte d'accusation met en évidence les problèmes rencontrés lors de l'intervention, notamment avec les radios défaillantes, y compris au moment d'appeler les secours. L'instruction relève aussi que les policiers étaient équipés de gilets pare-balles et de gants pare-couteaux et remarque qu'à aucun moment ils ont fait usage de leurs bâtons tactiques ou de leurs sprays au poivre.