Coronavirus – France Le procès de l'Hyper Cacher suspendu

ATS

24.9.2020 - 16:03

Le procès des attaques terroristes en janvier 2015 en France, dont fait partie une prise d'otages dans un Hyper Cacher, a été suspendu à cause du coronavirus (archives).
Le procès des attaques terroristes en janvier 2015 en France, dont fait partie une prise d'otages dans un Hyper Cacher, a été suspendu à cause du coronavirus (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/ETIENNE LAURENT

Après trois semaines de débats, la cour d'assises spéciale de Paris a suspendu jeudi le procès des attentats de janvier 2015, au moins jusqu'à vendredi. La raison: une suspicion de contamination au Covid-19 chez l'un des accusés, pris d'un malaise dans le box.

La crise sanitaire va-t-elle s'inviter au procès historique des tueries de Charlie Hebdo, Montrouge et de l'Hyper Cacher? Depuis le 2 septembre, l'ombre de l'épidémie planait sur les débats, malgré l'obligation permanente du port du masque pour les participants.

Jeudi, l'ombre s'est faite plus menaçante, après le malaise de Nezar Mickaël Pastor Alwatik. Il est poursuivi avec 13 autres personnes pour son soutien logistique présumé aux frères Saïd et Chérif Kouachi et à Amédy Coulibaly, auteurs des attentats qui ont fait 17 morts.

Cet accusé «étant indisposé, il a été renvoyé vers la maison d'arrêt pour qu'il puisse être examiné sur un plan médical», a annoncé le président de la cour, Régis de Jorna, en début d'après-midi, avant de suspendre l'audience jusqu'à vendredi matin.

Selon l'une de ses avocates, Me Marie Dosé, il va «subir une batterie de tests, dont celui du Covid-19», dans le cadre d'un processus accéléré.

«En train de vomir»

Nezar Mickaël Pastor Alwatik, 35 ans, était apparu malade jeudi à l'ouverture de l'audience. Ses avocats avaient obtenu une première suspension de deux heures en milieu de matinée, alors qu'il se trouvait tête baissée dans le box. «Il est en train de vomir», avait expliqué Me Dosé.

A la reprise des débats, la cour a finalement décidé de reporter les auditions prévues jeudi après-midi, dans l'attente des résultats médicaux. «Toutes les dispositions médicales sont prises pour qu'on sache ce qu'il en est», a prévenu Régis de Jorna.

Selon Marie Dosé, l'accusé avait jeudi matin «beaucoup de fièvre, de la toux, des vomissements, des maux de tête», ainsi qu'une gêne respiratoire. Des symptômes jugés inquiétants «eu égard à la pandémie» de Covid-19, a-t-elle souligné.

«La question, c'est de savoir si nous aurons les résultats du test Covid avant demain matin. Si ce n'est pas le cas, il n'est pas question que l'audience reprenne», a prévenu l'avocate, en excluant que les débats se poursuivent sans son client.

«C'est son procès, le procès ne peut pas se tenir sans lui, sauf si j'accepte de le représenter et je ne le représenterai pas, pas dans un procès comme celui-là», a expliqué Me Dosé à l'AFP. Elle s'est dite par ailleurs favorable à ce que l'ensemble des accusés soient testés.

«Un risque évident»

Cette interruption, décidée après trois semaines de débats, intervient à un moment charnière du procès: la cour a fini d'auditionner les victimes des attentats et leurs proches, et entamé l'examen des faits reprochés aux différents accusés.

La cour devait ainsi entendre dans l'après-midi Peter Cherif, témoin-clé du procès, ainsi que Farid Benyettou, ex-prédicateur autrefois proche des frères Kouachi, qui se dit repenti. Leurs auditions ont été reportées à une date inconnue.

Interrogé sur les possibles répercussions d'une contamination sur la suite des débats, le président de Jorna a toutefois refusé à ce stade de se prononcer. «Nous verrons en fonction des éléments médicaux», a-t-il répété.

Pour les avocats de la défense, la question se pose néanmoins. «Il est impossible qu'ils maintiennent le procès si Nezar Mickaël Pastor Alwatik est positif», estime Me Safya Akorri, qui regrette que les accusés n'aient «jamais été testés» depuis le début du procès.

«C'était un risque qui était évident, et cela permet de replacer les choses dans leur contexte», juge l'avocate. «Ce sont les accusés qui sont au centre de ce procès: il suffit qu'il en manque un seul pour que le procès soit suspendu».

«On a attendu qu'un accusé présente des symptômes pour s'en inquiéter... Cela nous pendait au nez», constate également Antoine Van Rie, l'un des avocats du principal accusé présent, Ali Riza Polat.

La suspension du procès survient alors que le gouvernement a classé mercredi Paris et sa petite couronne en «zone d'alerte renforcée», en raison du regain de l'épidémie de Covid-19 observé depuis plusieurs semaines.

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