Après un concert à Paris Le rappeur Kaaris visé par une plainte pour homophobie

AFP

15.3.2024

Deux associations de lutte contre l'homophobie ont porté plainte jeudi contre le rappeur Kaaris, estimant qu'une de ses chansons, sortie en 2013, mais interprétée fin février en concert à Paris, relevait de la provocation à la haine publique, a appris vendredi l'AFP auprès de leur avocat.

Le rappeur a déjà eu affaire à la justice à plusieurs reprises. Il a récemment été relaxé alors qu'il était poursuivi pour des violences conjugales dont l'accusait son ex-compagne (archives).
Le rappeur a déjà eu affaire à la justice à plusieurs reprises. Il a récemment été relaxé alors qu'il était poursuivi pour des violences conjugales dont l'accusait son ex-compagne (archives).
IMAGO/PanoramiC

AFP

Le rappeur, âgé de 44 ans, a donné un concert le 29 février à l'Accor Arena de Paris, où il fêtait les dix ans de son disque «Or noir». Cet album avait marqué un tournant dans le rap francophone, avec un style étiqueté hardcore aux textes irrigués par la violence et les outrances.

Kaaris, de son vrai nom Gnakouri Okou, y a notamment joué son morceau «Zoo», filmé et diffusé sur des réseaux sociaux.

D'après la plainte contre X des associations Mousse et Stop Homophobie, consultée par l'AFP, les paroles «J'encule Brandon et Dylan» et «Si ces pédés crament au napalm, j'veux la palme» relèvent de l'injure publique envers un groupe de personnes à raison de leur orientation sexuelle et de provocations publiques à la haine ou à la violence à l'égard d'un groupe de personnes à raison de leur orientation sexuelle.

«Kaaris est originaire d'Afrique de l'Ouest, où de nombreux pays pénalisent l'homosexualité et où les violences sexuelles contre les personnes LGBT sont courantes», a affirmé auprès de l'AFP Me Etienne Deshoulières, avocat des associations. «Les injures et incitations à la violence homophobe dans ses chansons ont des répercutions réelles pour les personnes concernées», a-t-il insisté.

La plainte a été déposée auprès du parquet de Paris jeudi, qui doit désormais l'analyser pour lancer des investigations plus approfondies ou la classer.

Des associations qui utilisent «la notoriété de Kaaris»

«Il n'y a aucune homophobie dans les propos de mon client», a réagi auprès de l'AFP son avocat. «Je suis très étonné que la plainte soit déposée maintenant, alors que le morceau est sorti en 2013», a souligné Me Yassine Yakouti, assurant que Kaaris était «parfaitement serein face à ces élucubrations» et allait porter plainte pour dénonciation calomnieuse.

Pour Me Yakouti, les associations «instrumentalisent la lutte contre l'homophobie» et utilisent «la notoriété de Kaaris» pour «faire parler d'elles». «La lutte contre l'homophobie est bien trop noble et importante pour être instrumentalisée de la sorte», a-t-il ajouté.

Le rappeur a déjà eu affaire à la justice à plusieurs reprises. Il a récemment été relaxé par le tribunal correctionnel d'Evry alors qu'il était poursuivi pour des violences conjugales dont l'accusait son ex-compagne.

Il était aussi déjà passé au tribunal à l'automne 2018 pour des faits particulièrement médiatisés: une bagarre impliquant le rappeur et son ancien mentor-star Booba, ainsi que leur entourage respectif dans un aéroport parisien. Résultat: 18 mois d'emprisonnement avec sursis pour les deux artistes.