Maroc Le roi du Maroc gracie une journaliste

ATS

16.10.2019 - 21:24

La condamnation de la journaliste avait suscité des réactions indignées sur les réseaux sociaux et dans certains médias au Maroc et à l'étranger, avec des critiques virulentes de la part des féministes et des défenseurs des droits humains (archives).
La condamnation de la journaliste avait suscité des réactions indignées sur les réseaux sociaux et dans certains médias au Maroc et à l'étranger, avec des critiques virulentes de la part des féministes et des défenseurs des droits humains (archives).
Source: KEYSTONE/AP/NADINE ACHOUI-LESAGE

Le roi du Maroc a gracié la journaliste Hajar Raissouni, condamnée à un an de prison pour «avortement illégal» et «sexe hors mariage». La décision a suscité la joie sur les réseaux sociaux après des semaines de débat sur l'état des libertés individuelles dans le pays.

La jeune femme de 28 ans, son fiancé et le médecin ont été graciés en même temps qu'elle. Ils ont été libérés de la prison d'El Arjat, dans les environs de Rabat, quelques heures après l'annonce de la grâce royale, a constaté un photographe de l'AFP sur place.

Comme après sa condamnation le 30 septembre, la reporter du quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum, a adressé un signe de la victoire aux médias venus l'attendre à la sortie de la prison. Elle n'a fait aucune déclaration après avoir retrouvé sa famille et ses proches.

La grâce a été motivée par «la compassion» et le «souci» du roi Mohammed VI de «préserver l'avenir des deux fiancés qui comptaient fonder une famille conformément aux préceptes religieux et à la loi, malgré l'erreur qu'ils auraient commise», a précisé le ministère de la Justice dans un communiqué.

«La lutte continue»

La nouvelle de la libération d'Hajar Raissouni s'est propagée sur les réseaux sociaux au Maroc et à l'étranger, alors que le mot d'ordre #freehajar était devenu viral depuis son arrestation. «Enfin, une bonne nouvelle!«, «Les combats justes ne laissent pas indifférents», ont commenté les internautes.

Depuis son arrestation, Hajar Raissouni dénonce un procès «politique» liés à l'engagement de ses proches et de son journal. Elle dit depuis le début avoir été traitée pour une hémorragie interne, ce que son gynécologue a confirmé devant la justice. Le jeune couple assure aussi s'être fiancé dans un cadre religieux et avoir prévu de se marier mi-septembre, un projet contrecarré par leur arrestation.

Lors du procès, Hajar Raissouni et son fiancé ont été condamnés à un an de prison. Le médecin, un praticien reconnu qui avait autrefois été décoré par le roi, a été condamné à deux ans ferme, avec aussi un an et de huit mois de prison avec sursis pour un anesthésiste et une secrétaire.

Ces condamnations ont suscité des réactions indignées sur les réseaux sociaux et dans certains médias au Maroc et à l'étranger. Un collectif auteur d'un manifeste de «hors-la-loi» signé par 10'000 personnes a demandé cette semaine au parquet marocain de suspendre l'application de «lois liberticides» punissant de prison le sexe hors-mariage, l'adultère et l'avortement.

En 2018, la justice marocaine a poursuivi 14'503 personnes pour débauche, 3'048 pour adultère, 170 pour homosexualité et 73 pour avortements, selon les chiffres officiels. Entre 600 et 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour au Maroc, selon des estimations.

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