Drame de Francfort Enfant poussé sous un train, le suspect avait un permis C

ATS

30.7.2019 - 19:00

Thomas Brändli (à gauche), du Ministère public zurichois, a déclaré que le suspect suivait un traitement psychiatrique.
Thomas Brändli (à gauche), du Ministère public zurichois, a déclaré que le suspect suivait un traitement psychiatrique.
Source: KEYSTONE/ENNIO LEANZA

L'Erythréen suspecté d'avoir tué lundi un enfant de huit ans en le poussant devant un train en marche à Francfort était recherché en Suisse depuis jeudi dernier, a-t-on appris mardi. Il suivait un traitement psychiatrique.

L'Erythréen a été placé mardi en détention préventive. Il est soupçonné d'assassinat et de double tentative d'assassinat.

Lors d'une conférence de presse organisée à Zurich, les représentants de la police cantonale et du ministère public ont confirmé que l'homme résidait dans le canton, à Wädenswil. Ce quarantenaire marié et père de trois enfants, âgés de 1 à 4 ans, est arrivé en Suisse en 2006 et possède un permis C depuis 2011.

Jeudi dernier, la police a dû intervenir chez cette famille suite à un appel de la mère. Quand les agents sont arrivés sur place, le mari avait pris la fuite. La femme, les trois enfants ainsi qu'une voisine ont été retrouvés enfermés dans l'appartement. Cette dernière avait auparavant été menacée avec un couteau.

Les personnes concernées se sont dites surprises de ce comportement. L'homme n'avait jamais été condamné pour des délits violents, a précisé la police. Suite à cet incident, il a été enregistré dans le système de recherche national de la police helvétique. «Des cas comme celui-là, il y en a une dizaine par jour» dans le canton de Zurich, a déclaré le chef de la police de sûreté Bruno Keller.

Zones d'ombre

La police n'avait pas connaissance de liens spécifiques avec l'Allemagne, c'est pourquoi un mandat d'arrêt international n'a pas été émis. Les faits et gestes de l'Erythréen entre jeudi et lundi sont inconnus. On ignore à ce stade comment il a passé la frontière. Une perquisition du domicile a été effectuée et aucun indice ne laisse supposer une radicalisation.

Le suspect a dû arrêter de travailler en janvier 2019 en raison de problèmes psychiatriques. On sait qu'il a travaillé aux VBZ, les transports publics zurichois. Avant les événements d'outre-Rhin, la police n'était pas au courant qu'il suivait un traitement psychiatrique. Son état mental doit maintenant être établi plus précisément. Des documents médicaux ont été demandés par le Ministère public.

Une unité spéciale a été constituée entre la police et le Ministère public zurichois pour enquêter sur cette affaire. Elle collabore étroitement avec les autorités allemandes. Il s'agit notamment de reconstituer le parcours du suspect, mais aussi de déterminer si d'autres membres de sa famille vivent en Suisse.

Dissimulé derrière un pilier

Lundi, l'auteur présumé des faits s'est dissimulé derrière un pilier de la gare de Francfort. A l'arrivée d'un train, il a soudain poussé le garçon et sa mère de 40 ans sur la voie. L'enfant est mort et sa mère est parvenue à se dégager d'extrême justesse. Il a également tenté de pousser «une autre femme», âgée de 78 ans, qui n'est pas tombée du quai, mais a été blessée à l'épaule, selon le parquet allemand.

L'affaire a suscité un gros émoi en Allemagne. Le ministre de l'Intérieur conservateur Horst Seehofer a interrompu ses vacances. Il s'est dit «profondément consterné» par ce crime« épouvantable».

Il y a une dizaine de jours, une affaire similaire s'est produite dans l'ouest de ce pays, quand une mère de famille de 34 ans a été tuée après avoir été projetée sous un train par un homme qu'elle ne connaissait pas, né en Allemagne et d'origine serbe. L'extrême droite allemande s'est emparée de ces deux faits divers pour une nouvelle fois dénoncer la politique migratoire trop laxiste à ses yeux du gouvernement de la chancelière Angela Merkel.

Critiques en Suisse aussi

En Suisse aussi, certaines voix critiques se sont fait entendre à droite de l'échiquier politique. Dans un communiqué, l'UDC zurichoise a mis en garde contre les «faux réfugiés érythréens» et réclamé une politique d'asile plus restrictive.

De leur côté, les Démocrates suisses de Thurgovie imputent la responsabilité de ce drame à la gauche, «aux amis de l'Union européenne» et à d'autres «hypocrites», «avant tous les médias».

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