Le vice-président d'Exit Suisse romande Pierre Beck est condamné à 120 jours-amende avec sursis. Le Tribunal de police de Genève a confirmé l'ordonnance pénale du Ministère public. Le médecin retraité avait aidé une octogénaire à mourir avec son mari.
Dans son verdict rendu jeudi, le Tribunal de police estime, lui aussi, que le prévenu a violé la loi fédérale sur les médicaments et les dispositifs médicaux en prescrivant du pentobarbital de sodium à cette dame. Agée de 86 ans et en pleine santé, elle était déterminée à mourir en même temps que son mari, gravement malade. Les époux sont décédés ensemble, chez eux, le 18 avril 2017.
Pour les juges, les règles alors applicables en matière d'assistance au suicide, édictées par l'Académie suisse des sciences médicales, n'étaient pas remplies. La défunte ne souffrait d'aucune maladie et n'était pas en fin de vie. Elle avait conclu un pacte avec son mari. Sa souffrance existentielle, qui a motivé le praticien, relevait de l'angoisse profonde à l'idée d'un veuvage qui n'avait pas commencé.
«Manque d'humilité»
Pierre Beck a cédé à sa demande par altruisme mais aussi par conviction personnelle, sans suivre les règles de sa propre association et sans chercher à apporter de réponse plus nuancée, estime le tribunal. Dès le début, il a promis une aide inconditionnelle. Il a fauté par «manque de recul, voire par manque d'humilité.» Il aurait dû recueillir l'avis d'autres médecins.
Même si sa collaboration à l'instruction était bonne, le médecin à la retraite n'a pas pris conscience d'avoir commis une quelconque faute. Il n'a d'ailleurs pas exclu qu'il recommencerait, ont noté les juges, qui s'attendent toutefois à ce qu'il s'abstienne au vu de l'interdit formulé par l'autorité pénale. La peine s'accompagne d'un délai d'épreuve de trois ans et d'une amende de 2'400 francs.
«Flou en exergue»
«Je m'attendais au maintien de cette peine. J'étais convaincu que les juges n'accepteraient pas ce changement sociétal», a réagi Pierre Beck. «A l'avenir, je réfléchirai à utiliser un moyen non médicamenteux, car l'assistance au suicide est légale en Suisse s'il n'y a pas de motif égoïste», a-t-il relevé.
Selon son avocat Yves Grandjean, un recours est probable. «Ce jugement ne tient pas compte de l'extrême souffrance existentielle de cette femme, de son âge élevé et de sa détermination à mourir. Le médecin a agi au plus près de sa conscience, car elle avait le droit de choisir sa mort», a-t-il déclaré. Selon lui, ce jugement «remet en exergue le flou qui existe en la matière.»
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