Syrie Les Kurdes appellent Damas à la rescousse

ATS

13.10.2019 - 21:31

Les Kurdes ont annoncé avoir conclu un accord avec Damas pour le déploiement de l'armée syrienne près de la frontière turque, «dans le but de soutenir les FDS» face à la Turquie.
Les Kurdes ont annoncé avoir conclu un accord avec Damas pour le déploiement de l'armée syrienne près de la frontière turque, «dans le but de soutenir les FDS» face à la Turquie.
Source: KEYSTONE/AP

Les forces turques et leurs alliés locaux ont progressé en Syrie dimanche, semblant en voie d'achever la première phase de leur offensive contre les forces kurdes. Ceux-ci ont conclu un accord avec Damas après avoir été lâchées par les Etats-Unis.

L'assaut de la Turquie vise à instaurer une «zone de sécurité» profonde de 32 kilomètres pour séparer sa frontière des territoires contrôlés par les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde qualifiée de «terroriste» par Ankara.

L'offensive turque a provoqué un tollé international. Partenaires des Occidentaux dans la lutte anti djihadistes, les forces kurdes ont accusé Washington de les avoir abandonnées en retirant lundi leurs soldats des abords de la frontière, ouvrant la voie à l'offensive turque.

Seule Ras al-Aïn résiste encore

Celle-ci doit se concentrer dans un premier temps sur une bande de territoire frontalière entre les villes de Tal Abyad et Ras al-Aïn, distantes d'environ 120 kilomètres. Dimanche, les forces turques ont conquis Tal Abyad, selon l'agence turque Anadolu et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Il n'y a plus que Ras al-Aïn qui échappe aux forces turques qui se sont emparées de 40 villages depuis mercredi, selon l'OSDH. «Ces forces ont conquis toute la région frontalière, de Tal Abyad jusqu'à l'ouest de Ras al-Aïn.»

Les combats et les bombardements turcs ou de leurs supplétifs ont tué au moins 26 civils dimanche, selon l'OSDH. Parmi eux, au moins dix ont péri dans une attaque de l'aviation turque à Ras al-Aïn, selon l'OSDH. L'agence locale kurde ANHA a rapporté la mort de son correspondant.

Kurdes «pas abandonnés»

Donald Trump a ordonné dans ce contexte «un retrait délibéré des forces américaines» du nord de la Syrie, selon le chef du Pentagone Mark Esper, qui a évoqué «moins» de 1000 soldats. «Nous n'avons pas abandonné les Kurdes», s'est-il défendu.

En cinq jours, 104 combattants kurdes et plus de 60 civils ont été tués dans les violences, selon un dernier bilan de l'OSDH. Plus de 130'000 personnes ont été déplacées d'après l'ONU. Et samedi, neuf civils ont été «exécutés» par des rebelles pro turcs, selon l'OSDH.

La Turquie a elle annoncé la mort de quatre soldats en Syrie et de 18 civils dans la chute de roquettes kurdes sur des villes frontalières turques.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a répété dimanche sa détermination à poursuivre l'offensive, après que Berlin et Paris ont annoncé la suspension des ventes d'armes pouvant être utilisées contre les Kurdes. Rome a ensuite demandé un «moratoire» européen sur les «ventes d'armes à la Turquie».

Accord avec Damas

La minorité kurde a instauré une autonomie de facto sur de vastes régions du nord et nord-est. Ces secteurs sont sous le contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance dominée par les YPG.

Damas dénonce cette autonomie. Mais selon l'agence officielle Sana, l'armée syrienne va envoyer des troupes dans le nord pour «affronter l'agression» de la Turquie. Les Kurdes ont eux annoncé avoir conclu un accord avec Damas pour le déploiement de l'armée syrienne près de la frontière turque, «dans le but de soutenir les FDS» face à la Turquie.

L'OSDH a de son côté évoqué un «accord» pour un déploiement de l'armée dans les villes de Minbej et de Kobané (nord). Fin 2018, alors qu'Ankara avait menacé de lancer une opération, les YPG avaient déjà appelé l'armée à se déployer près de Minbej.

Proches de l'EI en fuite

Kurdes et Occidentaux ont maintes fois dit que l'assaut pourrait entraîner une résurgence de l'EI. Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel ont appelé dimanche soir la Turquie à cesser son opération qui «risque de créer une situation humanitaire insoutenable et d'aider Daech à réémerger».

Dimanche, «785 (proches) de membres étrangers de l'EI ont fui le camp d'Aïn Issa», ont ainsi affirmé les autorités kurdes. «Ils ont attaqué les gardes et ouvert les portes».

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