Dix jours après le séisme Les sinistrés haïtiens oscillent entre résignation et résistance

ATS

24.8.2021 - 09:16

Dix jours après le séisme qui a ravagé le sud-ouest d'Haïti en tuant plus de 2200 personnes, les sinistrés oscillent entre résignation et résistance. Ils tentent de se débrouiller au quotidien faute de recevoir de l'aide.

Keystone-SDA

Des jeunes jouent aux dominos dans un camp formé de victimes du séisme du 14 août, à Gorjette, Haïti, le 23 août 2021.
Des jeunes jouent aux dominos dans un camp formé de victimes du séisme du 14 août, à Gorjette, Haïti, le 23 août 2021.
KEYSTONE

«Je reprends lentement mon activité», raconte à l'AFP Edouard, chauffeur de taxi-moto dans la ville des Cayes, près de l'épicentre du séisme qui a frappé le pays le 14 août. «Mais jusqu'à maintenant, on n'est pas tranquille, car cela secoue encore. Ce matin, il y a eu une forte secousse», souligne-t-il. «J'étais dehors, mais ça n'empêche, je me suis mis à courir».

La circulation bat son plein dans le centre-ville des Cayes et la vie dans le chef-lieu du département du sud pourrait paraître habituelle si plusieurs des rues secondaires n'étaient pas de facto condamnées.

Depuis la secousse de magnitude 7,2, les riverains passent la nuit dehors à dormir le plus souvent sur de minces matelas jetés à même le sol, devant leurs anciens domiciles sévèrement endommagés sinon totalement en ruine.

«La majorité n'aura rien»

Les autorités haïtiennes prêchent contre le regroupement de sinistrés, mais chaque place publique ou terrain libre dans la ville des Cayes se transforme progressivement en camp informel de familles de victimes, installées dans le plus grand dénuement.

Les stations-service disposant de carburant sont prises d'assaut par les conducteurs de véhicules et devant les rares succursales bancaires ouvertes, les files d'attente s'étendent sous le soleil. «On est bien obligé de reprendre les rues même si on est victime» témoigne John, dont le frère est mort dans l'effondrement de leur maison familiale.

Vendeur de téléphones d'occasions, le jeune homme ne croit pas aux promesses d'aide que les autorités formulent. «Ils peuvent envoyer 100'000 camions, les sinistrés resteront dans le même état», déplore-t-il.

«Seule une minorité va recevoir et la majorité n'aura rien, parce que les choses ne sont pas faites dans l'ordre ni la discipline», poursuit John. «Les plus faibles ne peuvent pas aller se battre lors des distributions» d'aide.

Vendredi, des particuliers sans expérience, venus aux Cayes pour donner de l'eau ou de la nourriture, ont arrêté leurs opérations face au désordre provoqué par leurs actions, avait constaté un photographe de l'AFP.