«Projet du passé» Leysin-Les Mosses: opposition des Verts aux 177 canons à neige

ATS

26.7.2023

Un projet d'enneigement artificiel dans les stations de Leysin et des Mosses met le feu aux poudres. Des oppositions ont été déposées, dont celle, récente, des Jeunes Verts vaudois et des Verts du Chablais et des Alpes vaudoises. Les partisans disent avoir besoin d'une période de transition pour se tourner vers un tourisme quatre saisons.

La bouche d'un canon a neige photographie a Leysin (archives). (KEYSTONE/Fabrice Coffrini) === ELECTRONIC IMAGE ===
La bouche d'un canon a neige photographie a Leysin (archives). (KEYSTONE/Fabrice Coffrini) === ELECTRONIC IMAGE ===
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Les jeunes Verts et Verts du Chablais et des Alpes vaudoises s'opposent fermement au projet qui prévoit l'installation de 177 canons à neige pour un coût de 20 millions. «Ce projet du passé n'a plus de sens au vu de la crise écologique et énergétique actuelle. Il faudrait plutôt accélérer une transition la plus viable possible de ces stations touristiques», affirment-ils.

«177 canons à neige, c'est 250'000 m3 d'eau pompée alors que les glaciers fondent et que les problèmes d'approvisionnement en eau nous guettent», dénonce Sandrine Chalet, présidente des Verts du Chablais et des Alpes vaudoises, citée dans le communiqué.

C'est aussi entre un et deux millions de kilowattheures utilisés pour faire fonctionner les canons, sans compter l'énergie nécessaire au pompage.

Les opposants déplorent également les coûts financiers importants mis à la charge du contribuable.

Contradictoire

«Alors que les concitoyens sont incités à réduire leur consommation et leur dépendance énergétique, il est contradictoire d'encourager aujourd'hui – à hauteur de onze millions (un crédit voté par le Grand Conseil il y a plusieurs années) – la naissance d'un tel projet destructeur et énergivore», s'indigne Gaëlle Valterio, co-présidente des Jeunes Verts vaudois.

Ceci est même inadmissible au vu de l'acceptation par le même Grand Conseil d'un crédit-cadre de 50 millions pour la reconversion des stations au tourisme quatre saisons. Sans compter la volonté populaire clairement exprimée par l'acceptation de l'initiative «Pour la protection du climat».

Les Jeunes Verts vaudois et les Verts du Chablais et des Alpes vaudoises estiment que ce projet n'a pas sa place dans les Alpes. Leurs oppositions ont été déposées en début de semaine auprès des communes concernées, Leysin et Ormont-DessousOuverte le 8 juillet, l'enquête publique court jusqu'au 6 août.

D'autres oppositions ont été transmises, dont celle d'un collectif de citoyens des villages concernés, ainsi que du mouvement Grondement des terres. Organisée par les opposants, une randonnée-discussions est prévue samedi au départ de Leysin. Des invités parleront entre autres des thèmes de l'eau et de l'impact des canons à neige.

Période de transition

De leur côté, les partisans du projet relèvent que la stratégie de Télé-Leysin- Col des Mosses – Lécherette (TLML) va définitivement vers les quatre saisons, mais qu'une période de transition est nécessaire. «Le projet permettra de sécuriser la pratique du ski pour une trentaine d'années», affirme Armon Cantieni, directeur de TLML à Keystone-ATS, rappelant que 230 emplois sont en péril.

L'hiver est très important pour les stations, TLML y réalise 80% de son chiffre d'affaires. «En chiffres, cela représente quelque 200'000 journées skieurs par saison à Leysin, entre 80'000 et 110'000 aux Mosses, station familiale par excellence», détaille le directeur. Et de souligner que «le ski est en croissance, preuve en est le succès du Magic Pass».

Discussions et compensations

Le projet permettra de compléter l'enneigement à Leysin et d'assurer celui des Mosses au moyen de 20 kilomètres de conduite. Du point de vue environnemental, tout a été réglé avant la mise à l'enquête. Le projet a été discuté avec le canton et les organisations de protection de la nature. Des mesures de compensation sont prévues, rappelle le responsable.

«Nous estimons avoir besoin de 200'000 m3 d'eau pour l'enneigement des deux secteurs. L'eau pompée ne constitue que 0,3% de la quantité contenue dans le barrage de l'Hongrin et il est prévu de la restituer au lac», argumente-t-il.

«Le turbinage permettra de compenser à hauteur de 75% l'énergie utilisée pour préparer la neige», poursuit M. Cantieni. Le projet est en outre conçu de telle manière qu'en cas de sécheresse, les pâturages puissent être arrosés, ce que plébiscitent les propriétaires d'alpages.

Dès l'hiver 2026

Outre les crédits d'un montant total de 15,6 millions accordés par le Grand Conseil, les législatifs des deux communes ont approuvé le projet et se sont engagés pour 3,4 millions, précise M. Cantieni.

Le solde sera assuré par TLML. Si le permis de construire est accordé, les travaux débuteront l'été prochain. Ils seront poursuivis entre 2024 et 2026 pour une mise en service des canons à neige en hiver 2026-2027.