Incendie meurtrierLourdes peines de réclusion requises lors du procès à Strasbourg
ATS
25.9.2023 - 15:53
«On marche sur la tête»: face aux peines de 25 et 12 ans de réclusion criminelle requises lundi contre les deux incendiaires présumés d'un immeuble de Strasbourg en 2020, la défense a vilipendé la «vacuité abyssale des preuves» quant au caractère volontaire des faits.
Keystone-SDA
25.09.2023, 15:53
25.09.2023, 16:18
ATS
«La peur, la désolation et la mort, voilà ce qu'ont semé Sassoun Azarian et Munasar Ali Abdullahi, 24 et 25 ans, cette funeste nuit du 26 au 27 février 2020», a lancé l'avocat général, Alexandre Chevrier. Cinq personnes ont perdu la vie dans cet incendie.
En l'absence d'aveux et de preuve formelle quant au déroulement des faits, M. Chevrier a déroulé pendant plus d'une heure une solide argumentation pour justifier ses réquisitions. «L'incendie n'est pas le fait d'un problème électrique, comme l'a établi l'expert», a relevé le magistrat.
«Acte volontaire»
Le mégot, qui aurait mis le feu à l'armoire électrique selon l'accusation, n'a pas été jeté négligemment, il est passé par un trou de souris, pointe-t-il, en rappelant le comportement des accusés quand s'échappent les premières fumées. «Ils prennent la fuite, sans alerter les habitants». Sa conclusion tombe: «Ces éléments sont révélateurs d'un acte volontaire».
«On ne peut pas condamner avec une intime impression. Il faut une intime conviction», a répondu Me Randall Schwerdorffer, l'avocat de Sassoun Azarian. «Or vous n'avez aucun matériau en matière de preuve. Qui a mis le feu? Vous n'en savez rien. Ils ont fumé tous les deux, c'est ça la réalité».
La défense a cherché à démonter le caractère volontaire de l'incendie, soulignant que les accusés ne se sont pas cachés des caméras. Elle a rappelé que son client s'était spontanément présenté à un policier le lendemain du drame pour témoigner.
Mégot de cigarette
«Ce n'est pas parce que le jet de mégot est volontaire que l'incendie est volontaire. C'est une aberration», a déclaré l'avocat. «Il y a des centaines de cigarettes par terre dans cet immeuble, qui n'ont jamais provoqué un incendie. Lui jette son mégot et on voudrait que l'incendie soit volontaire?».
Il évoque également l'absence de mobile. Face à l'accusation d'incendie volontaire ayant entraîné la mort, il plaide l'acquittement. Idem sur la non-assistance à personne en danger.
Les avocats de Munasar Ali Abdullahi rappellent qu'il ne peut y avoir de condamnation pour complicité sur un acte involontaire. «On marche sur la tête», s'agace Me Michaël Waquez. «Parce qu'il y a eu des morts, on ne veut pas admettre qu'il s'agisse d'un accident. Pour le ministère public, il faut des coupables». «On essaie de faire entrer un rond dans un carré. C'est kafkaïen».