France/Israël Manifestations pour réclamer «justice pour Sarah Halimi»

ATS

25.4.2021 - 21:55

Keystone-SDA

Des manifestations en France et en Israël ont rassemblé dimanche des milliers de personnes réclamant la tenue d'un procès pour le meurtrier de Sarah Halimi, sexagénaire juive tuée à Paris en 2017. L'homme a été jugé irresponsable pénalement.

Peu avant les manifestations qui ont notamment rassemblé plus de 26'000 personnes à Paris selon la police, le ministre français de la Justice a annoncé dimanche un projet de nouvelle loi sur l'irresponsabilité pénale.

L'absence de procès dans cette retentissante affaire a été confirmée le 14 avril par la plus haute juridiction de l'ordre judiciaire français, la Cour de cassation. Selon les experts psychiatriques, le meurtrier a été pris d'une «bouffée délirante»; il a été hospitalisé en psychiatrie.

La Cour de cassation a entériné le caractère antisémite du crime commis par l'auteur, gros consommateur de cannabis, qui au cri de «Allah Akbar», avait roué de coups et jeté par-dessus le balcon sa voisine d'immeuble, âgée de 65 ans.

Les manifestations ont notamment rassemblé plus de 26'000 personnes à Paris.
Les manifestations ont notamment rassemblé plus de 26'000 personnes à Paris.
ATS

Collectifs citoyens

Sous le mot d'ordre «Sans justice pas de République», les manifestants à Paris se sont rassemblés à l'initiative de collectifs citoyens et de représentants de la communauté juive.

Les messages «Pas de droit sans justice», «Justice défoncée ?» ou «Justice pour Sarah Halimi» étaient écrits sur des pancartes brandies dans la foule. «La clameur est montée et l'espoir est revenu. L'espoir, c'est vous ici», a lancé à la tribune le frère de Sarah Halimi, William Attal.

Des personnalités du monde du spectacle, de la culture et de la télévision ont témoigné de leur «solidarité» envers la famille Halimi et appelé à «changer la loi», via des messages diffusés sur un écran géant. Des personnalités politiques, dont la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, assistaient au rassemblement.

D'autres rassemblements se sont tenus dans les grandes villes françaises comme à Bordeaux (sud-ouest), Strasbourg (est) ou Marseille (sud).

A Tel-Aviv, des centaines de manifestants se sont rassemblés devant l'ambassade de France. Des députés israéliens ont pris la parole pour exprimer leur «solidarité» avec la famille Halimi et la communauté juive de France.

«J'ai honte d'être française, la France de mon enfance n'existe plus», a affirmé Roselyne Mimouni, une retraitée franco-israélienne venue manifester. «Je suis atterrée qu'une femme juive ait été assassinée en France parce qu'elle était juive».

Changement de la loi

Répondant à la demande d'Emmanuel Macron d'un «changement de la loi», le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a indiqué dimanche qu'un projet de nouvelle loi sur l'irresponsabilité pénale serait présenté «fin mai» en Conseil des ministres, en vue d'un vote «par le Parlement à l'été».

Ce nouveau texte vise selon le ministre à «combler (un) vide juridique», celui de «l'absence de possibilité offerte par le droit actuel de tenir compte de la prise volontaire de substances toxiques par un individu conduisant à l'abolition de son discernement».

La mise en cause, parfois violente, de la haute juridiction, qui juge le droit et non les faits, a conduit à une «solennelle» et rare «mise au point» du Conseil supérieur de la magistrature, qui en a appelé dimanche «à la mesure» et au respect de l'indépendance de la justice.

Plusieurs représentants de la communauté juive en France, accompagnés à la tribune par des représentants des autres cultes, ont réclamé que le futur texte soit nommé «loi Sarah Halimi».

Serpent de mer, le débat sur la responsabilité pénale avait ressurgi fin 2019, quand la cour d'appel de Paris avait, après un débat public, déclaré pénalement irresponsable le meurtrier de Sarah Halimi et ordonné son hospitalisation assortie de mesures de sûreté pour 20 ans.

Le chef de l'Etat était alors intervenu dans le débat depuis Jérusalem, en janvier 2020, estimant notamment que «le besoin de procès» était «là». Il s'était aussitôt attiré le recadrage des plus hauts magistrats de France, qui lui avaient rappelé son rôle de garant de l'indépendance de la justice.