3 suspects en procèsMarginal tué puis découpé en France: «on était disjoncté de la réalité», dit un accusé
Megane Bochatay
19.5.2025
Accusé d'avoir séquestré, tué, puis découpé le cadavre d'une de ses connaissances dans une région isolée du sud de la France, un pizzaïolo de 58 ans a expliqué qu'il «était disjoncté de la réalité», selon une experte psychologue qui témoignait lundi au procès devant les assises.
Un soir de fin janvier 2023, le pizzaïolo part avec son complice pour tenter de soutirer de l'argent et du cannabis à «Diego» qui vit isolé dans les bois, mais ce dernier meurt après avoir été ligoté, bâillonné et frappé (archives).
PHOTOPQR/Centre Presse Aveyron/M
Agence France-Presse
19.05.2025, 19:37
Megane Bochatay
Le principal accusé dans ce dossier comparaît jusqu'à jeudi avec sa compagne de 45 ans et un complice de 27 ans pour avoir causé la mort de Georges Meichler, 60 ans, dit «Diego», un marginal qui vivait dans une petite maison sans eau ni électricité dans l'Aveyron et à qui ils voulaient voler de l'argent et le cannabis qu'il cultivait.
Avant de se pencher sur les circonstances du drame, la cour d'assises a choisi d'examiner les personnalités et les parcours des trois accusés qui encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
Longuement entendue, une experte-psychologue a notamment évoqué le couple formé par le principal accusé et sa compagne comme «l'association de deux êtres en perdition» partageant leurs addictions à l'alcool et au cannabis pour faire face à leurs souffrances affectives.
Les deux étaient venus s'installer dans l'Aveyron après s'être rencontrés sur internet et y avaient lancé une activité de pizzeria ambulante qui ne fonctionnait pas.
Vie marquée
«Ce n'est pas par hasard que ces deux-là sont venus se perdre au fin fond de la campagne aveyronnaise», a expliqué la psychologue, décrivant un homme «à la très forte émotivité», «aux angoisses profondes», un père incapable de s'occuper des trois enfants nés de trois compagnes différentes au fil d'un parcours chaotique, et une femme «complètement perdue depuis longtemps».
Les deux cherchaient à fuir une vie frappée par les difficultés: des agressions qu'ils disent avoir subis dans leurs enfances respectives, ainsi que des violences conjugales avec un premier compagnon pour elle, ou des rencontres insatisfaisantes pour lui, un adulte qui «n'a pas beaucoup avancé depuis le contexte défavorable de l'enfance» marqué par des parents absents et des atteintes sexuelles commises par un oncle.
Le troisième accusé a quant à lui été décrit comme d'une «intelligence faible», à la «capacité de réflexion quasi inexistante» et manquant de libre arbitre, un profil de suiveur «insouciant et «inconséquent» qui se serait soumis au principal accusé.
A l'époque des faits, celui-ci est fragilisé par le mauvais état de santé de sa compagne et d'importantes difficultés financières qui viennent s'ajouter à une forte consommation d'alcool et de cannabis.
«On était dans une sorte de toboggan», a-t-il dit à la psychologue.
Découpé, cuit et incinéré
Dans ce contexte, un soir de fin janvier 2023, le pizzaïolo part avec son complice pour tenter de soutirer de l'argent et du cannabis à «Diego» qui vit isolé dans les bois, mais ce dernier meurt après avoir été ligoté, bâillonné et frappé.
Dans les jours qui suivent, avec l'aide de son complice et alors que sa compagne est présente, il va découper le corps, le faire cuire puis l'incinérer dans le poêle à bois et le jardin de la victime.
«On était disjoncté de la réalité», a-t-il affirmé à la pyschologue en pleurant à la psychologue, lorsqu'elle l'interrogeait durant l'enquête sur cet enchaînement criminel.
Lundi, à la barre, cet homme à l'allure de retraité sans histoire, cheveux blancs courts et pull rayé, a affirmé comprendre «la colère et le dégoût que je peux évoquer».
«Je n'ai pas de mots pour exprimer ma culpabilité, mes regrets», a-t-il ajouté tandis que sa compagne niait d'une voix traînante avoir participé aux faits de séquestration et d'atteintes au cadavre de «Diego».
Ce dernier a été décrit lundi matin comme un homme «gentil», «solitaire», «loin des conventions sociales et proche de la nature», par divers témoignages évoqués par une enquêtrice de personnalité.