Il frappe sa femme avec une brancheLe procureur relève la «cruauté» et l'«acharnement» du prévenu
ATS
6.10.2025 - 15:29
Un ressortissant afghan a comparu lundi devant le Tribunal de Martigny. Il est accusé de tentative d'assassinat sur son épouse, pour lui avoir administré des dizaines de coups avec une branche, en pleine forêt. Il risque 8 ans de prison ferme et 15 ans d'expulsion.
Le Tribunal de Martigny rendra son verdict, au plus tard le 10 novembre prochain.
sda
Keystone-SDA
06.10.2025, 15:29
ATS
Les faits se sont déroulés le 21 novembre 2022. L'accusé a poussé au sol son épouse d'origine géorgienne. Il a alors saisi une branche de 80 cm qui gisait au sol et l'a battue à l'arrière du crâne, puis sur l'ensemble du corps. Selon l'acte d'accusation, la scène a duré près de 10 minutes.
Selon le procureur extraordinaire Alexandre Rosset, le prévenu a battu sa femme avec l'intention de la tuer, agissant avec une absence particulière de scrupules, allant jusqu'à briser son bâton sur le crâne de la victime. Il ne s'est pas arrêté de la frapper, malgré l'immobilisation de son épouse ou les hurlements d'une passante. Il ne s'est stoppé que lors de l'intervention de deux hommes, pour immédiatement se désintéresser des faits, se contentant de fumer une cigarette, de rire et d'utiliser son téléphone portable.
Pas de souvenir des faits
La victime a notamment subi un traumatisme crânien, une atteinte à une vertèbre cervicale et plusieurs ecchymoses, plaies et des fractures de l'orbite gauche et du sinus maxillaire gauche.
Devant le Tribunal de Martigny, le prévenu a dit «ne pas se souvenir des faits. «Je suis désolé de tout mon cœur de ce qui s'est passé. Ce n'était pas dans mes habitudes de frapper ma femme.»
Le procureur extraordinaire a toutefois rappelé que sa future ex-femme avait déposé une plainte contre lui, pour un antécédent de violence, deux mois auparavant, avant de la retirer neuf jours plus tard, sur pression de ses enfants. «Seul Dieu est juge des sentiments que j'ai envers ma femme», a résumé le prévenu.
La crainte d'un retour au pays
Depuis son incarcération en novembre 2022 à Sion, l'Afghan tente de comprendre. «Juste avant les faits, j'ai bu deux verres de coca et j'ai ressenti un arrière-goût. Etait-il lié aux effets d'un médicament (ndlr: ou à une drogue)?», s'interroge-t-il. Certitude: l'homme était sous l'emprise de l'alcool (entre 1,24 et 2,08 pour mille) aux moments des faits.
Agé de 54 ans, père de cinq enfants, le prévenu bénéficie du statut de réfugié politique. Dans son pays, il travaillait à protéger les collaborateurs de l'ambassade de Suisse. «Je risque ma vie en retournant dans mon pays, à cause des talibans», a précisé, lundi, l'ancien militaire.
A l'audience, le procureur a requis 8 ans de prison ferme et 15 ans d'expulsion du territoire suisse. Pour Alexandre Rosset, celui qui est aussi pilote d'avion a fait preuve «d'une cruauté particulière et d'un acharnement en prolongeant l'agonie de sa victime, même lors de l'arrivée d'une première passante. Puis, il s'est désintéressé de son épouse.»
Narcissique et méprisant
«Je vous donne un challenge: vivre trois ans avec ma femme et vous verrez», avait proposé l'accusé aux présents, lors de son procès. «Elle était toujours agressive avec moi et elle n'était jamais satisfaite». Durant sa plaidoirie, Alexandre Rosset a parlé «d'une fable où la victime a choisi de se faire passer pour le bourreau.»
En procédure, le quinquagénaire s'était étonné que «battre sa femme viole la loi suisse», a encore relevé le procureur extraordinaire qui a parlé de l'accusé comme d'un homme narcissique et méprisant la vie de son épouse.
Volonté de tourner la page
«Le prévenu n'a fait preuve d'aucun remord. Quant aux excuses, je n'en ai entendu qu'aujourd'hui et de très faibles,» a estimé pour sa part, l'avocat de la partie plaignante, Me François Pernet. «Sans l'arrivée de témoins providentiels, Madame ne serait plus de ce monde. Maintenant, ma mandante veut tourner la page.»
L'élément déclencheur de cette affaire aurait été la crainte du prévenu de voir son plus jeune enfant être retiré de la garde de ses parents à cause d'une enquête sociale qui allait prochainement débuter.
Une autre vision de l'affaire
«Je n'ai pas du tout la même lecture du dossier que le ministère public et la partie plaignante», a pour sa part avoué Me Luis Neves. Pour l'avocat, son client doit être jugé pour lésions corporelles simples et non pour tentative d'assassinat ou de meurtre. Il ne doit pas non plus être expulsé.
L'homme de loi a mis exergue l'une des expertises mettant le doigt sur les problèmes qui peuvent survenir lors de mélanges d'alcool et d'une quelconque médication. «Ces experts disent que mon client n'était pas lui-même au même des faits.»