Meurtre d'une postière L'accusé clame son innocence

ATS

1.4.2022 - 18:35

«Je voulais juste acheter un billet de train»: l'accusé du meurtre sanglant de la postière de Montréal-la-Cluse dans l'Ain en 2008 a répété avec force vendredi être «innocent». Cette affaire reste nimbée de mystère, faute de témoin et d'arme du crime.

Les enquêteurs ont longtemps peiné à récolter des éléments probants, faute d'arme du crime ou de témoins oculaires (image d'illustration).
Les enquêteurs ont longtemps peiné à récolter des éléments probants, faute d'arme du crime ou de témoins oculaires (image d'illustration).
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L'accusé a pu – chose rare – sortir du box pour déposer à la barre. Il se lance alors dans le récit de «ce fameux 19 décembre» quand il rentre dans la petite poste: «J'ai poussé cette porte et mon ressenti, c'est d'être imprégné de cette odeur, de la vue de ce corps; j'ai vu le corps de cette pauvre femme, il y avait du sang partout, j'étais choqué».

Le trentenaire entrecoupe sa déposition de longs souffles, frôlant à un moment le malaise, avant de reprendre son récit. «J'ai paniqué, je n'ai pas réfléchi, en sortant j'ai pris une liasse de billets, je suis sorti en courant».

«Honteux» du vol de ces billets, «je m'en voudrai toute ma vie» de ne pas avoir appelé les secours, mais «je ne suis pas un meurtrier», ajoute-t-il. Il soutient avoir gardé le silence par «peur de l'erreur judiciaire», étant à l'époque un jeune noir, lycéen avec «de mauvaises notes».

Mare de sang

Le corps de la femme de 41 ans a été découvert dans l'arrière-salle de la poste baignant dans une mare de sang. Vingt-huit coups de couteau étaient relevés sur le corps de cette mère de deux enfants, enceinte de cinq mois.

La piste crapuleuse a rapidement été privilégiée, avec un butin évalué à 2490 euros. Mais les enquêteurs ont longtemps peiné à récolter des éléments probants, faute d'arme du crime ou de témoins oculaires.

Questionné par la présidente sur ses fréquentes variations durant l'instruction, l'accusé déclare être incapable de «répondre avec précision» en raison de son «traumatisme». «Je mélange tout mais je suis sincère», s'emporte-t-il.

L'avocat général Eric Mazaud s'interroge, lui, sur le comportement à la fois «paniqué et opportuniste» du jeune homme. «Aujourd'hui, je suis tout seul dans le box des accusés», déplore l'accusé à plusieurs reprises.

Correspondance ADN

Les soupçons des enquêteurs s'étaient d'abord portés sur Gérald Thomassin, ex-espoir du cinéma français devenu marginal, qui résidait alors en face de cette poste. Son comportement avait intrigué les enquêteurs, mais il avait finalement bénéficié d'un non-lieu. Il a disparu depuis 2019.

En 2017, une correspondance est établie entre l'ADN prélevé sur un monnayeur et un sac trouvé près du corps de la victime et celui de l'accusé, lycéen au moment des faits qui effectuait un stage près de Montréal-la-Cluse.

A la barre, l'homme explique la présence de son ADN sur la scène de crime par ses mains «moites», qu'il dit avoir essuyé sur «quelque chose» qui «doit forcément être le sac» sur lequel a été retrouvée son empreinte génétique.

«Mon coeur brûle»

Dans un flot de paroles, il réclame «la vérité», réfutant avoir le «profil» d'un meurtrier, rappelant certains des éléments à charge contre Gérald Thomassin. «J'ai énormément de peine pour la famille de la victime, mais ce n'est pas moi», a assuré celui que son entourage a unanimement décrit comme «gentil».

L'avocate des parties civiles a pointé du doigt les «explications très détaillées» que l'accusé a données au cours de l'instruction sur cette journée du 19 décembre 2008. Et de souligner le «paradoxe» avec le «traumatisme» qu'il invoque.

«Mon coeur brûle parce qu'on m'accuse d'une atrocité. C'est de la colère parce que je ne comprends pas», lance avec agacement celui qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Verdict le 4 avril.

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