La justice mexicaine a condamné jeudi à plus de 32 ans de prison un des auteurs du meurtre en mai 2017 du journaliste mexicain Javier Valdez, collaborateur de l'AFP et spécialiste des cartels de drogue.
Un portrait du journaliste assassiné Javier Valdez, le 15 mai 2021 à Monterrey, au Mexique
Des manifestants réclament justice pour le journaliste assassiné Javier Valdez, le 15 mai 2021 à Culiacan, au Mexique
Mexique: un des assassins d'un journaliste collaborateur de l'AFP condamné à 32 ans de prison - Gallery
Un portrait du journaliste assassiné Javier Valdez, le 15 mai 2021 à Monterrey, au Mexique
Des manifestants réclament justice pour le journaliste assassiné Javier Valdez, le 15 mai 2021 à Culiacan, au Mexique
«C'est une condamnation importante car elle crée un précédent», a réagi Griselda Triana, la veuve du journaliste assassiné, interrogée par l'AFP.
«Tout le monde saura désormais que ceux qui violent la liberté d'expression (en assassinant des journalistes) écoperont de peines lourdes», a ajouté celle qui dit que justice ne sera faite que quand le commanditaire aura été condamné.
C'est la deuxième condamnation dans cette affaire, d'un exécutant de premier plan, après la condamnation d'Heriberto Picos Barraza, alias «el Koala», en février 2020 à 14 ans et 8 mois de prison pour avoir servi de chauffeur aux tueurs.
Le juge chargé de l'affaire a prononcé «une condamnation à 32 ans et trois mois de prison contre Juan Francisco P., pour sa responsabilité pénale en tant que co-auteur important dans le meurtre d'un journaliste de l'Etat de Sinaloa», dans le nord-ouest du Mexique, a indiqué le parquet général dans un communiqué.
Il s'agit de Juan Francisco Picos Berrueta, alias «el Quillo», reconnu coupable de ce meurtre le 9 juin 2021.
Faits jamais reconnus
Selon le parquet, il est l'un des deux individus qui ont tiré sur le journaliste ainsi que «celui qui a organisé le plan pour l'exécution». L'autre tireur présumé, Luis Ildefonso Sanchez, est mort depuis.
L'accusé, qui s'était vu offrir par le parquet une peine de 21 ans de prison s'il collaborait et désignait le commanditaire de l'assassinat, n'a jamais reconnu les faits.
Lorsque «el Quillo» a été reconnu coupable le 9 juin 2021, la veuve du journaliste assassiné avait indiqué à la presse que la famille était satisfaite du jugement mais que justice devait encore être faite, faute de jugement contre le commanditaire de ce meurtre.
Lien avec «El Chapo»
Le procès a révélé que les meurtriers avaient des liens avec le narcotrafiquant Joaquin Guzman, alias «El Chapo», du puissant cartel de Sinaloa, qui purge une peine à perpétuité aux Etats-Unis.
Celui qui fut qualifié de narcotrafiquant le plus puissant au monde jusqu'à son extradition aux Etats-Unis en 2017 purge sa sentence dans une prison de haute sécurité du Colorado.
Selon le parquet, l'assassinat a été commandité par Damaso Lopez Serrano, le fils d'un ancien lieutenant d'«El Chapo», furieux d'avoir été critiqué dans un article du journaliste.
Javier Valdez, cofondateur de l'hebdomadaire Riodoce et collaborateur du quotidien La Jornada et de l'Agence France-Presse (AFP), était salué pour ses enquêtes sur le trafic de drogue.
La condamnation d'«el Quillo» a été prononcée quelques heures après l'assassinat du journaliste mexicain Gustavo Sanchez dans l'Etat d'Oaxaca, dans le sud du pays. Gustavo Sanchez est le deuxième journaliste tué cette année.
L'un des pays les plus dangereux
Le prix Breach-Valdez, promu par l'Unesco, le quotidien La Jornada, l'AFP et plusieurs ambassades européennes, est décerné chaque année au Mexique en l'honneur de Javier Valdez et de Miroslava Breach, une journaliste assassinée en mars 2017.
Miroslava Breach a été abattue de huit balles dans la tête après avoir publié dans le quotidien La Jornada un article affirmant que des criminels appartenant à diverses organisations cherchaient à se présenter aux élections locales.
Les deux journalistes étaient reconnus pour leur travail dans le nord du Mexique.
Le Mexique est considéré comme l'un des pays les plus dangereux pour les journalistes, avec une centaine d'entre eux assassinés depuis 2000, dont sept en 2020.
Plus de 90% de ces crimes restent impunis, selon les organisations de défense de la liberté de la presse.