Mgr Charles Morerod «C'est assez visible que l'Eglise est en crise»

js, ats

8.4.2023 - 09:41

Mgr Charles Morerod est conscient que l'Eglise est en crise. L'évêque de Genève, Lausanne, Fribourg estime que le père dominicain, mis en cause récemment pour des abus sexuels et spirituels, était un «gourou» et un «manipulateur».

Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Geneve et Fribourg, a conscience que l'Eglise est en crise (archives).
Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Geneve et Fribourg, a conscience que l'Eglise est en crise (archives).
ATS

Keystone-SDA, js, ats

«C'est assez visible que l'Eglise est en crise», a déclaré Mgr Charles Morerod dans une interview parue samedi dans Arcinfo. L'évêque n'est pas opposé à faire un parallèle entre les scandales sexuels qui apparaissent aujourd'hui et les affaires qui ont provoqué la Réforme.

«Juste avant la Réforme, le pape Alexandre VI menaçait d'excommunier sa maîtresse. Il y avait déjà des scandales d'ordre sexuel. Le comportement des papes était très problématiques», a expliqué l'évêque.

Face aux révélations ces dernières semaines sur les abus sexuels et spirituels de deux pères dominicains, dont l'un jouait un rôle important à l'Université de Fribourg, Mgr Morerod a déclaré que ce dernier était «un gourou. Ceci m'a énervé dès le premier contact que j'ai eu avec lui. Je voyais que c'était un manipulateur».

Visites dans le dortoir de soeurs

«Il y a une vingtaine d'années, une religieuse m'avait informé de visites qu'il rendait le soir dans un dortoir de soeurs. Elles étaient très mal à l'aise de la manière dont il les prenait dans ses bras. Je ne sais pas ce qu'il a fait, mais c'était vraiment ambigu», a ajouté l'évêque.

Les frères incriminés, qui avaient été sanctionnés par Rome dès les années 1950, avaient une justification de nature spirituelle à leurs actes. «Ils affirmaient être dans un état mystique supérieur et n'étaient donc pas liés aux normes habituelles».

Rome avait pris des mesures, mais les cachait. «Il a fallu pas mal de temps pour s'écarter de cette mentalité. C'était aussi lié au fait que les actes étaient ponctuels. On pensait qu'ils ne recommenceraient pas. On ne remarquait pas qu'il y avait des cas pathologiques», a conclu l'évêque.