Football Michel Platini ressort libre de garde à vue

ATS

19.6.2019 - 05:51

A sa sortie des locaux de l'office anticorruption de la police judiciaire (OCLCIFF), à Nanterre, près de Paris, Michel Platini, les traits tirés, a indiqué: «j'ai toujours été serein car je me sens complètement étranger à n'importe quelle affaire».
A sa sortie des locaux de l'office anticorruption de la police judiciaire (OCLCIFF), à Nanterre, près de Paris, Michel Platini, les traits tirés, a indiqué: «j'ai toujours été serein car je me sens complètement étranger à n'importe quelle affaire».
Source: KEYSTONE/EPA/JULIEN DE ROSA

L'ancien patron de l'UEFA Michel Platini est ressorti libre de sa garde à vue dans la nuit de mardi à mercredi après plusieurs heures d'audition. Aucune charge n'a été retenue à son encontre, d'après son avocat William Bourdon.

L'ancienne star de l'équipe de France (64 ans vendredi), qui fut aussi vice-président de la Fifa jusqu'en 2015, est ressorti libre après plusieurs heures de garde à vue dans les locaux de l'office anticorruption de la police judiciaire (OCLCIFF) à Nanterre, près de Paris. Il était entendu dans le cadre de l'enquête française pour corruption sur les conditions d'attribution de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar et sur l'organisation de l'Euro 2016 en France.

Egalement auditionné dans cette affaire, l'ancienne conseillère sport de Nicolas Sarkozy, Sophie Dion, a été aussi placée en garde à vue, tandis que l'ex-secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a pour sa part été interrogé comme suspect libre. Tous trois sont ressortis tard dans la nuit.

«Beaucoup de bruit pour rien»

«Ca a été long mais vu le nombre de questions, ça ne pouvait être que long, puisqu'on m'a posé des questions sur l'Euro 2016, la Coupe du monde en Russie, la Coupe du monde au Qatar, la Fifa», a déclaré M. Platini à des journalistes à sa sortie de garde à vue, les traits tirés, peu avant 1h00 du matin mercredi. Il a précisé avoir répondu de façon «tranquille» à tous ces sujets. Son avocat, William Bourdon, a pour sa part dénoncé «beaucoup, beaucoup de bruit pour rien».

«Les enquêteurs ont voulu pour des raisons techniques, exclusivement techniques, que les personnes puissent être entendues pour qu'elles ne se concertent pas entre elles», a-t-il affirmé, rappelant que son client avait déjà été entendu en audition libre comme témoin «il y a 18 mois». «Nous sommes tous les deux sereins et confiants dans l'avenir», a-t-il conclu.

L'avocat de M. Guéant a lui aussi indiqué que les enquêteurs avaient posé un certain nombre de questions à son client «pour savoir ce qu'il avait vu, ce qu'il avait su de l'organisation, non seulement de l'attribution de la Coupe du monde à la Russie en 2018 et au Qatar en 2022 mais aussi de l'organisation de l'Euro 2016 en France».

Selon Me Philippe Bouchez el Ghozi, M. Guéant a répondu qu'il n'y avait pas «à sa connaissance des éléments qu'on puisse qualifier susceptibles de corruption».

Soupçons de corruption

Le parquet national financier (PNF) avait ouvert une enquête préliminaire en 2016 pour «corruption privée», «association de malfaiteurs», «trafic d'influence et recel de trafic d'influence» pour examiner les conditions d'attribution des Coupes du monde de football 2018 et 2022.

Le 2 décembre 2010, le Mondial-2018 avait été attribué à la Russie (face notamment à l'Angleterre éliminée dès le 1er tour) et, à la surprise générale, le Mondial-2022 au Qatar, vainqueur au dernier tour face aux Etats-Unis.

La désignation de ce richissime émirat gazier, où les températures brûlantes en été rendent la pratique du football difficile voire impossible, avait immédiatement déclenché des soupçons de corruption, et été l'un des déclencheurs de la grave crise qui a secoué la Fifa à partir de 2015.

Réunion secrète

La justice française s'intéresse en particulier à «une réunion secrète» au Palais de l'Elysée le 23 novembre 2010, à laquelle participaient le président Nicolas Sarkozy, Tamim ben Hamad al-Thani (alors prince héritier du Qatar devenu Emir en 2013), et Michel Platini. Son but supposé: s'assurer que Platini voterait pour l'émirat. Un «tissu de mensonges», s'était indigné l'ancien numéro 10 des Bleus.

Mardi, l'ancien président de la Fifa Sepp Blatter s'est dit «totalement surpris» du placement en garde à vue de Michel Platini, estimant dans un entretien à l'AFP que cela n'allait «pas l'aider» à quelques mois de la fin de sa suspension.

En 2010, Platini «a changé d'avis» et décidé de soutenir le Qatar pour le Mondial-2022 «parce que le président français Sarkozy le lui a demandé, c'est toujours ce que Michel (Platini) m'a dit, et quand un président vous demande quelque chose, vous le faites», a encore déclaré à l'AFP M. Blatter, 83 ans.

Ce dernier a pour sa part été suspendu six ans par la Fifa «de toute activité liée au football» pour un paiement controversé de 2 millions de francs suisses à Michel Platini. En mai 2018, le Français a été mis «en l'état» hors de cause par la justice suisse qui enquêtait sur ce versement.

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