Opinion Militez, d'accord, mais «Just Stop Gaspi», bon sang!

Valérie Passello

25.10.2022

Un jet de soupe contre un tableau de Van Gogh, de la purée sur un Monet, un gâteau dans la face de la statue de cire de Charles III: les militants du collectif Just Stop Oil multiplient les coups d'éclat à grand renfort de denrées alimentaires en tous genre. Et ça, ça n'est pas très écolo... Opinion.

Une photo mise à disposition par le groupe d'activisme climatique «Just Stop Oil» de deux manifestantes qui ont jeté de la soupe aux tomates Heinz sur le tableau «Tournesols» de Vincent Van Gogh de 1888 à la National Gallery de Londres, le 14 octobre 2022.
Une photo mise à disposition par le groupe d'activisme climatique «Just Stop Oil» de deux manifestantes qui ont jeté de la soupe aux tomates Heinz sur le tableau «Tournesols» de Vincent Van Gogh de 1888 à la National Gallery de Londres, le 14 octobre 2022.
EPA

Valérie Passello

La première chose à dire, c'est important: lorsque l'on a quelque chose à dire justement, il est toujours judicieux de s'exprimer. Lorsque l'on s'exprime et que personne n'écoute -comme les militants du climat depuis plus de cinquante ans- il convient, c'est sûr, de trouver une manière plus percutante de faire passer son discours.

Ceux qui ont décidé de prendre le taureau par les cornes pour tenter de sauver la planète sont de plus en plus nombreux et c'est tant mieux. Le temps presse, «la maison brûle», comme disait Chirac, le GIEC et sa cohorte d'experts ne cessent de le rappeler.

Ces derniers jours, on a vu la lutte pour le climat s'intensifier. Chez nous, les activistes de «Renovate Switzerland» ont opté pour les sittings sur autoroutes, armés de leurs banderoles qui ressemblent à des publicités pour «la boisson du sportif». Mais ceci, sans gâcher une goutte de ladite boisson.

Très bien. C'est impactant, visible, ça ennuie les pendulaires et peut-être que cela forcera quelques accros de la voiture à passer aux transports publics. Peut-être aussi qu'avec un peu de chance, cela fera réfléchir quelques décideurs.

Chez «Just Stop Oil» par contre, l'action est un peu plus difficile à cerner. On a vu, successivement: un tableau de Van Gogh aspergé de soupe à la tomate, un tableau de Claude Monet recouvert de purée, puis ce fut au tour de la statue de cire du roi Charles III de se faire entarter. Avec un gros gâteau au chocolat.

S'attaquer à des oeuvres d'art, cela peut outrer les esthètes. Mais justement, le but est atteint si l'on considère que la manoeuvre vise à choquer le monde. Alors pourquoi pas... Par contre, pourquoi les militants ont-ils choisi de se servir de nourriture?

Pour rappel, le gaspillage alimentaire est l'un des facteurs contribuant largement au dérèglement climatique. Rien qu'en Suisse, 330 kilos de denrées alimentaires par personne et par an finissent à la poubelle, soit environ un quart des gaz à effet de serre produits par notre alimentation, indique le WWF. Multiplié à l'échelle planétaire, le phénomène a des conséquences dramatiques.

Lorsqu'un militant écologiste choisit de gâcher de la soupe à la tomate, de la purée ou un gros gâteau au chocolat pour faire passer son message, il contribue donc, lui aussi, au réchauffement climatique. Tout symbolique qu'il soit, l'acte va à l'encontre de l'idéologie: c'est un non-sens!

Alors «Just Stop Oil», d'accord, mais «Just Stop Gaspi», aussi! Et laissons Van Gogh tranquille: ses tournesols, il les mange par la racine... et il ne les gaspille pas, lui.