Témoignage choc«Mon mari a été enseveli» - Elle évoque le drame de la discothèque dominicaine
Gregoire Galley
14.4.2025
«Je suis née à nouveau. Sortir de là seulement avec des égratignures: Dieu m'a donné une seconde chance», affirme Marisol Chalas, après être restée près d'une heure sous les décombres de la discothèque effondrée à Saint-Domingue, un désastre qui a fait 226 morts.
La discothèque effondrée à Saint-Domingue a fait 226 morts.
ats
Agence France-Presse
14.04.2025, 07:48
Gregoire Galley
Considérée comme la plus grande tragédie du siècle en République dominicaine, la catastrophe dépasse, en termes de bilan humain, l'incendie en 2005 d'une prison à Higuey, dans l'est du pays, qui avait coûté la vie à 136 détenus.
Le 7 avril, Marisol Chalas, 58 ans, se rend avec son époux et 22 membres du club de retraités de Haina (ville en périphérie de Saint-Domingue) au Jet Set, discothèque de la capitale dominicaine, pour assister au concert de la star du merengue Rubby Pérez, également originaire de Haina. Le groupe fête aussi l'anniversaire de l'un de ses membres.
L'ambiance est «super», les gens dansent et reprennent en choeur les tubes de Rubby Pérez, la «voix la plus aiguë du merengue». L'artiste était sur scène au moment où le toit s'est effondré et fait partie des victimes, relate Mme Chalas, qui se rappelle avoir reçu une goutte d'eau sur la tête peu avant le drame survenu à 00H44 (04H44 GMT) le 8 avril.
«J'ai cru que c'était de l'air conditionné, mais plus loin j'ai vu que plus d'eau tombait... Et là, le toit s'est effondré. Nous n'avons pas eu le temps de sortir en courant. Personne», se souvient-elle. «Ce plafond nous a écrasés tous. Mon mari a été (complètement) enseveli. Moi j'avais la taille jusqu'en haut de libre», se remémore la survivante.
«Beaucoup de jeunes autour de moi criaient (...) Je leur disais +ayez foi ! Dieu nous sortira d'ici, ne désespérez pas ! Il y a des gens sous les pierres qui sont pires que nous+. Mon mari était l'un d'eux».
Le couple -- les deux ont survécu -- est resté prisonnier pendant «45 à 50 minutes» jusqu'à ce que des policiers l'extraie des décombres. Sur les 24 membres du club des retraités, 13 sont décédés. En sortant, Mme Chalas a vu des montagnes de béton sur les gens: «Je savais qu'ils étaient morts parce qu'il y avait trop de débris», dit-elle.
Nelson Pimentel, âgé de 65 ans et également membre du club des retraités, explique qu'il a commencé par voir une petite plaque tomber sur un homme alors devant lui sur la piste de danse. Sans y accorder trop d'importance.
«Des débris ont touché mon T-shirt», raconte le sexagénaire, qui travaille dans la construction et vit entre son pays et les Etats-Unis. Après cela, «nous nous sommes assis». Mais 40 minutes plus tard, un fragment de béton plus grand chute et casse la table qui se trouvait derrière lui. Et «15 ou 20 secondes» après, alors qu'il atteint la porte de sortie, «tout est tombé sur nous», retrace-t-il. «Ca a fait un bruit énorme derrière nous».