«Malédiction» ou «bénédiction» ? Nés un 29 février, ils sont des «spécimens rares»

Vanessa Büchel/trad

29.2.2024

2024 est une année bissextile. Ce qui signifie que toutes les personnes nées un 29 février peuvent, après quatre ans, fêter «pour de vrai» leur anniversaire. Mais quand soufflent-elles leurs bougies les années où le mois de février ne compte que 28 jours ? Trois «leaplings» répondent à cette question ainsi qu'à d'autres curiosités.

Vanessa Büchel/trad

«Enfant, c'était plutôt une malédiction, mais aujourd'hui je le vois comme quelque chose de spécial», explique Reto Hautle à blue News. Ce responsable informatique zurichois est né le 29 février 1964 et fait partie des plus de 5'000 «leaplings» («bissextiles») vivant en Suisse.

Cette année, Reto Hautle a deux raisons de se réjouir : après quatre ans, il peut enfin fêter son «vrai» anniversaire, et qui plus est un chiffre rond ! «J'ai 60 ans ! Mais je n'ai pas de grands projets».

Aujourd'hui, le père de famille - il a une fille - aborde ses anniversaires avec plus de sérénité que par le passé : «C'est un jour comme les autres».

«Chaque année c'était la même chose...»

Elle aussi née un 29 février - au Liechtenstein -, Tatjana Bacchini ne prévoit pas non plus de grandes célébrations pour ses 32 ans. «Je ne fête pas autrement que d'habitude. Cela n'a rien de spécial pour moi, probablement parce que ça a toujours été comme ça», explique l'assistante médicale.

Avant de poursuivre, en riait : «Tout le monde ne peut pas dire qu'il ne vieillit que tous les quatre ans». Si aujourd'hui elle considère que c'est une bénédiction d'être née un jour aussi inhabituel, cela n'a pas toujours été le cas.

«Quand j'étais enfant, chaque année c'était la même chose. On me disait par exemple que je n'aurais pas de cadeau parce que ce n'était pas mon «vrai» anniversaire». Mais avec les années, elle a appris à ignorer ce genre de discours.

Quand fêter quand il n'y a pas de 29 février ?

Markus Leuenberger, né le 29 février 1968, n'a en revanche jamais fait l'objet de telles plaisanteries. «Bien sûr que mes amis les plus proches me charriaient avec ça, mais sinon, les gens ne se moquaient pas de moi», explique ce cantonnier et opérateur de machines de Rohrbach, dans le canton de Berne. Il recevait toujours des cadeaux, soit le dernier jour de février, soit le 1er mars.

Pour les «leaplings» Reto Hautle et Tatjana Bacchini, une chose est claire : les années où février ne compte pas 29 jours, ils fêtent leur anniversaire le 28. «Pour moi, il a toujours été logique que j'appartienne encore au mois de février et que mon anniversaire n'a rien à voir avec mars. C'est un mois complètement nouveau», nous dit le premier cité.

Pour la trentenaire, le 28 février a toujours été un jour de fête, depuis son plus jeune âge. «Ma mère l'a introduit et je l'ai adopté plus tard».

Cette année, Markus Leuenberger prévoit une «semi-grande fête», nous dit-il en souriant. En effet, pour ses 56 ans, il n'invitera pas seulement ses frères et sœurs, comme d'habitude, mais aussi des amis et des collègues. «Nous ferons la fête ce soir, jeudi 29, mais j'ai pris congé demain». Le Bernois organisera certainement une fête encore plus importante pour ses 60 ans.

Quand leur souhaiter bon anniversaire ?

Tous trois s'accordent à dire que leur anniversaire est toujours source de confusion. «La famille proche et les amis savent que je fête mon anniversaire le 28 dans une année non bissextile, mais il y a toujours des gens qui me souhaitent un joyeux anniversaire le 1er mars», explique Tatjana Bacchini.

Reto Hautle apporte quelques précisions : «Beaucoup de gens pensent qu'ils sont trop en avance s'ils m'envoient leurs vœux le 28 février, car on dit que cela porte malheur. Mais ils ne veulent pas non plus attendre le 1er mars, parce qu'ils pensent qu'il est alors trop tard. Ce n'est donc pas si simple !» Mais il ajoute que, de toute façon, les vœux prématurés ne lui ont jamais porté malheur jusqu'à présent.

«Un spécimen rare»

Selon Tatjana Bacchini, sa date de naissance est toujours un sujet de conversation. «Les gens réagissent très différemment lorsqu'ils la découvrent : certains ne réalisent pas tout de suite sa signification, tandis que d'autres sont immédiatement intéressés et posent beaucoup de questions».

«C'est toujours un sujet de conversation», confirme Reto Hautle. Le Zurichois se réjouit toujours des réactions positives. «Aux yeux des autres, c'est quelque chose d'original et d'inhabituel. Beaucoup de gens me disent que comme ça je ne suis pas un type ordinaire». Il poursuit en souriant : «Vous êtes tout simplement un spécimen rare !»

Et Markus Leuenberger de surenchérir : «Ce n'est pas tous les jours que quelqu'un fête son anniversaire le 29 février, ça initie la conversation».

Le Bernois a connu un autre «leapling», comme lui. Ses yeux s'illuminent lorsqu'il se souvient de lui : «Le monsieur qui tenait le magasin de maroquinerie dans mon village fêtait lui aussi son anniversaire le 29 février. S'il n'était pas de ma famille, nous avions toujours contact ce jour-là». Il lui a même offert un cadeau une fois : «D'une certaine manière, cela nous a liés».

La question des cadeaux

Reto Hautle n'a lui pas de lien particulier avec un autre «leapling», mais il se souvient des nombreux avantages dont bénéficiaient les personnes nées le 29 février. Le responsable informatique affirme que de nombreux endroits offraient des réductions : «Mais aujourd'hui, je pense que cela n'existe plus. Ou peut-être que je n'y prête plus attention».

Dans les années 1970, explique-t-il, il suffisait souvent de présenter sa carte d'identité dans les magasins le jour de son anniversaire pour recevoir un cadeau. «Chez Jelmoli, par exemple, on vous offrait un gâteau».

Des souhaits pour l'avenir ?

Sa date de naissance inhabituelle a fait naître quelque chose de particulier chez Reto Hautle : «Un intérêt pour le calendrier et le système solaire». Il a toujours voulu découvrir pourquoi février comportait parfois un jour supplémentaire.

Février est également un mois spécial pour Markus Leuenberger : tous les membres de sa famille fêtent leur anniversaire à cette période. «Nous fêtons d'abord ma femme le 1er, puis notre fils le 20, notre fille le 23 et enfin moi».

Tous trois n'ont qu'un souhait pour l'avenir : «Être en bonne santé». Pour leur famille et pour eux-mêmes.

Mais Reto Hautle a également un autre souhait : «J'espère que le monde se calmera un peu après toutes ces guerres, ces dictateurs et ce climat devenu fou. En plus de la santé, j'espère que les enfants qui naîtront pendant ces années auront un avenir paisible».