Israël Le Premier ministre va se faire poser un pacemaker dimanche

ATS

23.7.2023 - 06:25

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sera hospitalisé ce dimanche pour subir une intervention chirurgicale visant à lui poser un pacemaker. Ce au lendemain de manifestations à Tel-Aviv et Jérusalem contre une réforme judiciaire portée par son gouvernement.

Benjamin Netanyahu (ci-dessus) sera remplacé par le vice-Premier ministre Yariv Levin pendant qu'il se fera opéré.
Benjamin Netanyahu (ci-dessus) sera remplacé par le vice-Premier ministre Yariv Levin pendant qu'il se fera opéré.
ATS

Keystone-SDA

«Le Premier ministre Netanyahu subira ce soir une procédure d'implantation de stimulateur cardiaque au centre médical Sheba de Tel Hashomer», a indiqué son bureau dimanche dans un communiqué.

«La procédure se déroulera sous sédation, et le ministre de la Justice et vice-Premier ministre Yariv Levin le remplacera pendant ce temps», ajoute le document. Il y a une semaine, M. Netanyahu, 73 ans, avait quitté le même centre médical après une nuit d'hospitalisation à la suite de vertiges.

Le centre avait alors décidé d'utiliser un moniteur Holter pour surveiller son rythme cardiaque dans le cadre d'examens cardiologiques, a fait savoir la semaine dernière le professeur Amit Segev, chef du département de cardiologie de l'hôpital Sheba.

Manifestations massives

Des dizaines de milliers de manifestants israéliens ont défilé samedi à Tel-Aviv et près du Parlement à Jérusalem pour marteler leur opposition à une réforme judiciaire controversée qui fait l'objet d'un vote crucial dans les prochains jours.

«Démocratie ou révolution!», ont scandé samedi des manifestants à Tel-Aviv, tandis que des dizaines de milliers d'autres entonnaient des slogans pro-démocratie pour cette 29e soirée consécutive de mobilisation, selon un journaliste de l'AFP sur place.

Samedi, des manifestations ont aussi eu lieu à Beersheva (sud), Herzliya et Kfar Saba au nord de Tel Aviv, selon des images distribuées par les organisateurs. «Le gouvernement ne nous écoute pas, cela signifie que c'est le début d'une nouvelle époque, une mauvaise époque», a regretté auprès de l'AFP Idit Dekel, 55 ans.

Selon le gouvernement, la réforme vise entre autres à rééquilibrer les pouvoirs, en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l'exécutif juge politisée, au profit du Parlement. Mais ses détracteurs estiment qu'elle risque d'ouvrir la voie à une dérive antilibérale ou autoritaire.

Dès dimanche midi à la Knesset (le Parlement), des débats se tiendront sur une mesure de la réforme visant à annuler la possibilité pour la justice israélienne de se prononcer sur le «caractère raisonnable» des décisions du gouvernement. Cette clause fera ensuite l'objet d'un vote en 2e et 3e lecture. Si elle est adoptée, il s'agira de la première composante majeure de la réforme judiciaire proposée à devenir une loi.

Sit-in devant la Knesset

Pour faire pression sur les députés, des milliers de manifestants se sont réunis samedi soir devant la Knesset et la Cour suprême, à Jérusalem, après avoir parcouru les quelque 65 kilomètres entre Tel-Aviv et la Ville sainte.

Munis de parapluies pour se protéger du soleil écrasant, de bouteilles d'eau et de drapeaux israéliens, les marcheurs ont défilé sur un pan de l'autoroute, s'arrêtant à midi et la nuit. En fin de journée, des centaines de manifestants installaient des tentes de fortune près de la Knesset et promettaient d'y passer la nuit.

«Ce gouvernement est un gouvernement extrémiste, religieux et nous espérons le faire tomber le plus vite possible», explique Guy Maidan, qui a participé à cette marche de plusieurs jours avec sa famille. Le gouvernement «essaie de renverser la démocratie toute entière, les lois essentielles et les droits humains, et nous sommes là pour l'en empêcher», clame Keren Mor, une des manifestantes.

Approuvée en première lecture dans la nuit du 10 au 11 juillet, la clause sur le «caractère raisonnable» avait contraint en janvier M. Netanyahu à démettre de ses fonctions le numéro deux du gouvernement, Arié Dery, condamné pour fraude fiscale, à la suite de l'intervention de la Cour suprême. D'autres mesures provoquent le mécontentement des manifestants, comme celle modifiant le processus de nomination des juges, déjà adoptée par les députés en première lecture.

Les critiques du Premier ministre, en procès pour corruption, l'accusent de vouloir utiliser cette réforme pour atténuer un éventuel verdict prononcé à son encontre. «Nous n'autoriserons pas un gouvernement corrompu, messianique et extrémiste à détruire l'Etat d'Israël», a dit sur Twitter Merav Michaeli, une des dirigeantes de l'opposition. «Nous triompherons.»

Menaces des réservistes

Au moins 1.142 réservistes de l'armée de l'air israélienne ont menacé samedi de suspendre leur service volontaire si la Knesset adopte le projet de loi. Toute législation appliquée de manière «déraisonnable», «compromettrait ma volonté de continuer à risquer ma vie et me contraindrait, avec une grande tristesse, à suspendre mon service de réserve volontaire», ont-ils affirmé dans une déclaration.

Jeudi soir, M. Netanyahu, a affirmé rester «ouvert» à des négociations avec l'opposition, alors que le projet suscite aussi des critiques à l'étranger, notamment aux Etats-Unis, proches alliés d'Israël. Le président américain Joe Biden a exhorté mercredi le gouvernement israélien à ne pas «précipiter» ses réformes et à procéder avec prudence.