Le Festival des jumeaux à Igbo-Ora le 12 octobre 2019
Les parents font défiler leurs enfants, à Igbo-Ora le 12 octobre 2019
Kehinde et Taiwo à Igbo-Ora le 12 octobre 2019
Au festival des jumeaux d'Igbo-Ora le 12 octobre 2019
Nigeria: la «bénédiction» des jumeaux
Le Festival des jumeaux à Igbo-Ora le 12 octobre 2019
Les parents font défiler leurs enfants, à Igbo-Ora le 12 octobre 2019
Kehinde et Taiwo à Igbo-Ora le 12 octobre 2019
Au festival des jumeaux d'Igbo-Ora le 12 octobre 2019
Un panneau de bienvenue à l'entrée de la ville d'Igbo-Ora, dans le sud-ouest du Nigeria, accueille les visiteurs dans la «capitale mondiale des jumeaux».
Cette petite communauté, au coeur du pays yoruba, est d'habitude plutôt endormie. Mais une fois par an, des centaines de jumeaux venus de tout le sud-ouest s'y retrouvent pour un festival en leur honneur.
Hommes et femmes, enfants ou nouveau-nés, on paradait le weekend dernier sous les chants et les regards d'un public admiratif.
«Nous sommes ravis d'être célébrés aujourd'hui», confie à l'AFP Kehinde Durowoju, un jumeau de 40 ans, en serrant son frère, Taiwo, dans ses bras.
«Avec cet événement, le monde entier comprendra mieux que les Ibeji (jumeaux en yoruba) sont des enfants spéciaux et des cadeaux de Dieu», assure-t-il, pendant que des «mascarades», personnages sensés représentés les esprits, défilaient en rythme sur les percussions.
- Tourisme de jumeaux -
Les démographes affirment que le pays yoruba, qui s'étend du sud-ouest du Nigeria au Bénin voisin, compte beaucoup plus de naissances de jumeaux que le reste du monde.
Les statistiques sont difficiles à obtenir, mais une étude réalisée par un gynécologue britannique, Patrick Nylander, entre 1972 et 1982, a enregistré une moyenne de 45 à 50 jumeaux pour 1.000 naissances vivantes dans la région, contre 33 pour 1.000 aux États-Unis, selon le National Center for Health Statistics.
Igbo-Ora, à une centaine de kilomètres au nord de la mégalopole de Lagos, se targue d'être l'épicentre de ce phénomène, et s'est auto-désignée la «capitale mondiale des jumeaux».
Les habitants de la ville affirment presque tous avoir des jumeaux dans leur famille. Et le chef traditionnel n'est pas celui qui pourrait démentir cette excentricité.
«J'ai un frère jumeau, ma femme a une soeur jumelle, et nos enfants sont des jumeaux!«, crâne fièrement Jimoh Olajide Titiloye.
«Il n'y a pratiquement aucun ménage dans cette ville qui n'en a pas», assure le chef de la communauté. Il souhaite d'ailleurs promouvoir la petite ville d'Igbo-Ora comme la «première destination touristique mondiale pour les jumeaux» et a contacté le livre Guinness des Records pour y figurer.
En attendant l'ultime consécration, on se concentre sur le festival, devenu une fierté dans tout le «Yorubaland».
«C'est une célébration de notre culture et de la reconnaissance des Ibejis», explique le roi de la localité Lamidi Adeyemi.
Le terme Ibeji, qui désigne les jumeaux, se réfère également à une sorte de divinité qui «annonce généralement la paix, le progrès, la prospérité et porte chance aux parents», explique le «Oba» (roi).
Car si certains considèrent aujourd'hui les jumeaux comme une bénédiction, cela n'a pas toujours été le cas.
À l'époque pré-coloniale, et encore dans certaines régions ou dans certains groupes communautaires au Nigeria, les jumeaux peuvent être considérés comme «diaboliques» et sont abandonnés ou tués.
- Nourriture ou génétique? -
Les scientifiques n'ont pas encore expliqué pourquoi les Yorubas, et Igbo-Ora en particulier, avait un si grand nombre de jumeaux.
Mais les résidents locaux ont leur propre théorie.
«Nous mangeons de la feuille de gombo ou de la soupe Ilasa avec de l'igname et de l'amala» (farine de manioc), explique fermement à l'AFP Samuel Adewuyi Adeleye, dirigeant de la communauté.
Dans plusieurs communautés ancestrales au monde, l'igname sauvage est réputé pour avoir des composants d’œstrogènes et est parfois utilisé dans des traitements gynécologiques traditionnelles pour favoriser la fertilité.
«L'eau que nous buvons contribue également à ce phénomène», assure M. Adeleye, sans fournir davantage d'explications.
Mais les experts, de leur côté, sont sceptiques, et affirment qu'il n'y a pas de lien prouvé entre le régime alimentaire et le taux de natalité, le même aliment étant d'ailleurs consommé également dans toute l'Afrique de l'Ouest.
«C'est une affaire de génétique», lance Emmanuel Akinyemi, gynécologue et directeur d'une clinique obstétrique locale. «Je pense que le gène responsable des naissances multiples se trouve dans notre région et qu'il a été transmis de génération en génération.»
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