FranceNouvelle expertise sur l'emprise de Tariq Ramadan ordonnée
ATS
24.6.2021 - 18:49
Keystone-SDA
24.06.2021, 18:49
Les juges français chargés de l'enquête pour viols visant l'islamologue suisse Tariq Ramadan ont ordonné jeudi une nouvelle expertise sur l'éventuelle emprise subie par ses accusatrices, a appris l'AFP de sources proches du dossier. Un premier rapport sur cette question au coeur de l'affaire avait été annulé pour vice de procédure.
Le 17 juin, la cour d'appel de Paris a annulé l'expertise conduite par le célèbre psychiatre Daniel Zagury car il a interrogé quatre plaignantes sans l'accord des juges d'instruction. Tirant les conséquences de cette décision, les magistrats instructeurs ont ordonné jeudi à un collège d'experts, composé du Dr Zagury et de ses confrères Bernard Ballivet et Frédéric Meunier, de réexaminer cette question, selon ces sources.
Le rapport doit être rendu d'ici le 30 novembre. Les juges ont cette fois formalisé l'autorisation d'entendre quatre des accusatrices : la première plaignante Henda Ayari, une femme surnommée «Christelle», Mounia Rabbouj et une quatrième femme.
Le débat judiciaire sur cette notion d'emprise s'est imposé après que les plaignantes ont été parfois mises en difficulté par la révélation de leurs échanges avec M. Ramadan, jugés «ambivalents» par les enquêteurs.
La question est devenue primordiale pour les juges d'instruction qui doivent déterminer, avant d'ordonner un éventuel procès ou l'abandon des poursuites, si l'islamologue peut être ou non accusé d'avoir imposé des actes de pénétration sexuelle par une forme de «contrainte morale».
«Bouée de sauvetage»
Pour la défense de l'intellectuel musulman de 58 ans, qui plaide des relations dominatrices consenties, cette «notion d'emprise» est invoquée comme «une bouée de sauvetage pour sauver l'instruction du naufrage judiciaire».
Dans son rapport annulé, le Dr Zagury, sans trancher la question d'un libre consentement de ces femmes, décrivait en quatre étapes la relation instaurée par M. Ramadan: une «vénération» pour «l'intellectuel brillant» rencontré sur les réseaux sociaux, puis des échanges «de plus en plus érotisés avec une coloration sado-masochique de domination/soumission», suivis d'une rencontre «décrite comme un enchaînement soudain et brutal» vers des pratiques sexuelles extrêmes, avant une quatrième phase de sentiments contradictoires (rancoeur, culpabilisation, vengeance, admiration et sujétion persistantes).
Depuis la première plainte fin octobre 2017, Tariq Ramadan a été mis en examen à Paris pour des soupçons de viols commis sur cinq femmes. Il est visé par une enquête à Genève pour un viol dénoncé par une Suissesse.