Assassinat de Narumi KurosakiNicolas Zepeda condamné en appel à 28 ans de réclusion
ATS
21.12.2023 - 15:29
Nicolas Zepeda n'a pas réussi à convaincre: il a été condamné jeudi comme en première instance à 28 ans de réclusion par la cour d'assises de la Haute-Saône pour l'assassinat de son ancienne petite amie Narumi Kurosaki à Besançon en 2016.
Keystone-SDA
21.12.2023, 15:29
21.12.2023, 15:33
ATS
Le Chilien de 33 ans a toujours nié avoir tué l'étudiante japonaise de 21 ans malgré les nombreux éléments à charge. Il a plongé la tête dans son box à l'énoncé du verdict rendu après environ cinq heures de délibéré. Prostré, recroquevillé sur son banc, une main sur le visage, il a semblé en larmes.
Ses parents, qui l'ont toujours soutenu et ont été présents à chaque moment de ce procès qui a duré presque trois semaines, sont en revanche venus en retard dans la salle des assises et n'ont pas assisté à ce moment décisif.
Pourvoi en cassation
L'avocat général Etienne Manteaux avait requis la perpétuité à l'encontre de Nicolas Zepeda. Comme en première instance les jurés ont décidé d'une peine un peu inférieure. Renaud Portejoie, l'un des avocats de l'accusé, a annoncé qu'il allait se pourvoir en cassation.
«Je ne suis pas un assassin!», avait clamé le Chilien dans ses derniers mots à la cour jeudi matin. «Je suis certainement, certainement très loin de celui que j'aimerais être. Mais je ne suis pas un assassin», avait-il déclaré, des larmes dans la voix. «Je ne suis pas un assassin, je n'ai pas tué Narumi, je ne sais pas comment le dire autrement», avait-il lancé.
La cour a estimé que le Chilien avait volontairement donné la mort à Narumi et qu'il avait prémédité son geste. Une fois sa peine de réclusion achevée, il lui sera en outre interdit de revenir sur le territoire français.
Le procès a été riche en moments d'intense émotion, avec notamment les témoignages déchirants de la mère et des deux soeurs de Narumi qui ont dit leur deuil impossible en l'absence du corps de la jeune femme.
Propos contradictoires
Tout au long de ce deuxième procès, durant lequel il s'est exprimé dans un excellent français, Nicolas Zepeda est souvent apparu en difficulté, peinant à se justifier sur de nombreux points du dossier ou sur ses revirements.
Il a concédé des mensonges, reconnaissant par exemple s'être rendu en France pour rencontrer Narumi et renouer avec elle, alors qu'il prétextait jusqu'alors une rencontre fortuite avec son ex. Mais sur l'essentiel, à savoir sa culpabilité, il est resté inflexible: il n'a pas tué Narumi.
Pour l'avocat général, au contraire, Nicolas Zepeda est l'auteur évident du crime, dévoré «par son délire de possession».
Aucune circonstance atténuante
Dans la chambre universitaire de la Japonaise, dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016, il a sans doute «étouffé» ou «étranglé» la jeune femme qui avait manifestement refusé de renouer le fil de leur relation. Il s'est ensuite débarrassé du corps dans une zone boisée où il avait fait des repérages, selon le scénario proposé aux jurés par M. Manteaux.
«Je ne lui trouve aucune circonstance atténuante», a-t-il encore asséné, employant à l'instar de l'avocate de la famille de Narumi, Sylvie Galley, le terme de «féminicide».
En défense, les avocats Renaud Portejoie et Sylvain Cormier avaient critiqué l'enquête et tenté d'instiller le doute dans l'esprit des jurés en pointant les «zones d'ombre abyssales» qui peuplent selon eux le dossier ainsi que le manque de preuves.
Me Portejoie, qui a cherché trois semaines durant à poser toutes les questions, même celles qui «fâchent» à son client, avait avancé un scénario alternatif, celui de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner: lors d'une dispute, la tête de Narumi aurait heurté un radiateur de sa chambre, lui causant un traumatisme crânien entraînant une mort rapide.
Corps introuvable
Le corps de Narumi Kurosaki n'a jamais été retrouvé, malgré d'intenses recherches.