Allemagne Perpétuité pour un infirmier tueur en série

ATS

6.6.2019 - 12:26

La justice allemande a reconnu jeudi un infirmier coupable de 85 meurtres, ce qui en fait un des pires tueurs en série de l'histoire récente. Elle l'a condamné à la perpétuité assortie d'une période de sûreté, soit la plus lourde peine prévue par le code pénal.

Les crimes commis par Niels Högel, 42 ans, «dépassent l'entendement et toutes les limites connues», a déclaré le président du tribunal d'Oldenbourg (nord-ouest), Sebastian Bührmann. «Il y a tellement (de victimes) que l'esprit humain capitule devant le nombre des crimes», a ajouté le magistrat. «Ce que vous avez commis est incompréhensible, c'est tout simplement trop.»

L'homme est reconnu coupable d'avoir tué ses victimes âgées de 34 à 96 ans par injection médicamenteuse dans les hôpitaux où il a travaillé entre 2000 et 2005. La police le suspecte d'en avoir tué en réalité au total jusqu'à 200, dans des affaires qui ne pourront toutefois plus être éclaircies, notamment car les corps d'un grand nombre de victimes ont été incinérés.

Honte et remords

La peine infligée jeudi à Oldenbourg ne changera dans les faits pas grand-chose à la situation de l'ancien infirmier. Cet homme corpulent a déjà été condamné à la sentence la plus lourde en 2015 pour plusieurs meurtres, les peines n'étant pas cumulables.

«Je veux sincèrement m'excuser auprès de chacun pour tout le mal que je vous ai fait pendant toutes ces années», a-t-il déclaré mercredi à l'adresse des proches des victimes. Il a dit être «jour et nuit» poursuivi par la «honte» et «les remords».

Par désir maladif de briller, dépendant aux analgésiques, il provoquait des arrêts cardiaques chez ses patients choisis arbitrairement et tentait de les réanimer, le plus souvent sans succès. Plus de 130 exhumations avaient été nécessaires pour constituer le dossier à charge.

Après avoir admis globalement les faits, Niels Högel a reconnu au cas par cas être l'auteur de 43 meurtres, et nié cinq autres. Pour les 52 restants, il ne se souvient plus avoir ou non «manipulé», le terme qu'il emploie pour décrire ses meurtres. «Cela laisse les gens dans le flou», indique Petra Klein, responsable de l'association Weisser Ring à Oldenbourg, qui a soutenu les familles tout au long d'un procès «éprouvant».

«Trouble narcissique»

D'autant plus que sa crédibilité est mise en doute. Tout en étant responsable de ses actes, il souffre «d'un trouble narcissique sévère», a déclaré en audience le psychiatre Max Steller. Il «est toujours fondamentalement prêt à mentir si cela lui permet de se mettre en valeur». Il avait notamment nié avoir «manipulé» à Oldenbourg, puis avoué une fois les faits irréfutablement prouvés.

L'ampleur de l'affaire, dont la justice a tardé à s'occuper, a soulevé surtout la question de la responsabilité des hôpitaux, qui n'ont pas réagi malgré la surmortalité constatée lorsqu'il était de service. Les témoignages d'anciens collègues étaient du coup très attendus.

Si ceux de Delmenhorst ont reconnu avoir eu des soupçons, ceux d'Oldenbourg ont déclaré en bloc ne pas se souvenir en avoir eu le moindre, provoquant l'exaspération du juge face à cette «amnésie collective». Dix d'entre eux font désormais l'objet d'enquête pour parjure ou faux témoignage, selon un porte-parole du Parquet. Un procès contre des responsables des deux hôpitaux aura lieu plus tard, avec Niels Högel comme témoin.

Pour les proches des victimes, une seule chose importe: «que cet homme ne sorte plus jamais de prison», déclare Petra Klein, rappelant qu'il est déjà incarcéré depuis 10 ans. L'idée qu'il soit un jour libéré, ce qui avec le droit pénal allemand ne peut être complètement exclu, assure-t-elle, est «pour beaucoup tout simplement insupportable».

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ATS