Faits divers Petit bateau, petit budget, «l'exploit» d'un navigateur autour du monde

AFP

29.5.2020 - 12:39

Le navigateur Yann Quénet à bord de son «Baluchon», le 27 2020 à Hiva Oa, aux îles Marquises en Polynésie française
Le navigateur Yann Quénet à bord de son «Baluchon», le 27 2020 à Hiva Oa, aux îles Marquises en Polynésie française
Source: HANDOUT/AFP/Archives

Son voilier de quatre mètres, qu'il a conçu et construit lui-même pour 4.000 euros, ressemble à une coquille de noix. Pourtant, Yann Quénet vient de traverser deux océans à bord de son «Baluchon» et déconfine à Hiva Oa, aux Marquises (Polynésie française).

Traverser l'Atlantique et le Pacifique avec un tel bateau, «c'est un vrai exploit», assure à l'AFP le navigateur Yvan Bourgnon, pour qui «Baluchon» «est un vrai petit bijou».

Le défi de départ? Construire un voilier en 400 heures pour 4.000 euros en vue de faire le tour du monde. Le défi et «le budget bateau-équipement ont été respectés», confirme Yann Quénet, Breton de Saint-Brieuc, contacté par Messenger. Le marin concède cependant «1.500 euros supplémentaires» pour une balise de détresse, un pilote automatique et des panneaux solaires....

Un tel budget, poursuit-il, «implique (que je n'ai) pas de moyen de communication avec la terre et pas de météo. J'ai uniquement utilisé le GPS d'une tablette classique avec la cartographie gratuite en open source comme moyen de navigation».

«Pas de moteur à bord, juste une voile et une godille», complète-t-il. Pas besoin de prendre des ris quand le vent forcit, la voile s'enroule autour du mât.

Quant à l'eau, en l'absence de dessalinisateur, «je me suis rationné à deux litres par jour».

- «L'Optimist de la course au large» -

«Son voilier, c'est la simplicité absolue, c'est l'Optimist de la course au large», résume Yvan Bourgnon, en référence au petit dériveur conçu au lendemain de la seconde guerre mondiale sur lequel les jeunes mousses font encore aujourd'hui leurs premières gammes.

«Mon rêve, c'est de faire le tour du monde à la voile mais sans contrainte», explique le solitaire, 50 ans, qui, dans la vie ordinaire, conçoit et vend des plans de navires à des particuliers. «Pour moi, avoir un gros bateau demande vraiment trop de temps et d'énergie, c'est compliqué et stressant. Avoir un bateau plus simple, paradoxalement, ouvre la voie à la liberté et au voyage», dit celui qui a effectué plusieurs transats sur des voiliers conventionnels.

Pour ce petit quillard rouge et blanc, à la proue rectangulaire pour ne pas enfourner dans la vague, entièrement construit en contre-plaqué de 9 mm, «tout a été très bien pensé. Ça répond à ce que voulait Yann, une autonomie maximale», explique Hervé Le Merrer, un autre «aventurier» des mers, comme il se définit.

- «ça paraît parfois irréel»-

«Bien sûr, l'espace est compté (...) Mais il a conçu un superbe petit bateau qui va faire parler de lui», prédit Didier Corfec, préparateur de Bourgnon et vieil ami de Yann Quénet. Car, tractable sur remorque, «Baluchon» a aussi la capacité de «revenir sur sa quille automatiquement s'il se retourne»!

Pour Yvan Bourgnon,«non seulement il a tout fait lui-même depuis le premier coup de crayon, mais en plus, on ne peut pas faire le tour du monde manière plus écolo (...) C'est énorme ce qu'il est en train de réaliser».

Parti à l'automne des Canaries, Yann Quénet s'est posé un peu en Guadeloupe avant d'emprunter le canal de Panama et de se lancer à l'assaut du Pacifique: 44 jours de mer, dont «plus de 30 jours sans avoir de ses nouvelles» jusqu'à l'arrivée à Hiva Oa, rappelle Hervé Le Merrer.

L'autonomie recherchée a payé. «Je n'ai jusqu'à présent pas rencontré de difficultés techniques majeures. Comme le bateau est simplifié au maximum, tout a marché parfaitement», constate Yann Quénet.

Et la récompense est là: «Voir son petit voilier qu'on a conçu et construit soi-même dévaler à toute vitesse les grandes vagues de l'océan, voir apparaître à l'horizon des îles lointaines dont on a rêvé depuis toujours, tout ça procure un véritable sentiment de joie, ça paraît même parfois irréel, tellement c'est intense!«.

A vrai dire, le confinement, à part l'espace réduit de son bateau, Yann Quénet l'a à peine connu. Aux Marquises, c'est l'heure du déconfinement. Et plus tard l'attendent l'Australie et le cap de Bonne Espérance.

Retour prévu en Bretagne en 2022.

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