Procès ReiserPour les parties civiles, l'accusé a attiré Sophie «dans sa toile»
ATS
4.7.2022 - 14:03
Les avocats des parties civiles se sont dits convaincus lundi que Jean-Marc Reiser avait attiré Sophie Le Tan «dans sa toile» et prémédité sa mort, alors que la cour d'assises du Bas-Rhin attend les réquisitions de l'avocat général à l'encontre du multirécidiviste, jugé depuis une semaine pour l'assassinat de la jeune étudiante, tuée et démembrée en 2018.
04.07.2022, 14:03
04.07.2022, 14:14
ATS
Contrairement à ce que soutient Jean-Marc Reiser, «la préméditation», question au coeur de ce dossier, «ne fait aucun doute», a martelé Me Rémi Stéphan, l'un des avocats de la famille, évoquant «l'accumulation de preuves» contre l'accusé. «Vous rendrez à Sophie l'humanité que Jean-Marc Reiser lui a enlevée», a-t-il lancé aux jurés.
«Il s'organise pour attirer sa proie dans sa toile», a encore pointé l'avocat. Par sa «malheureuse rencontre avec Jean-Marc Reiser», Sophie «avait rendez-vous avec la mort».
Me Gérard Welzer a lui fustigé le «bagout» et le «baratin» d'un Reiser selon lui «manipulateur roi». «Le seul qui connaît la vérité c'est Jean-Marc Reiser et il ne l'a pas dite», a-t-il lancé aux jurés. Mardi, jour du verdict, «Vous direz stop aux mensonges, vous direz stop à la manipulation, vous direz stop au crime, vous direz plus jamais ça».
Possible perpétuité
Les réquisitions de l'avocat général et les plaidoiries de la défense sont attendues dans l'après-midi. Mardi, M. Reiser, 61 ans, aura une dernière fois la parole avant le verdict. Jugé en récidive légale, il encourt la perpétuité avec une mesure de sûreté de 22 ans.
Malgré son arrestation une semaine après la disparition de Sophie Le Tan le 7 septembre 2018, jour de ses 20 ans, l'accusé, déjà condamné notamment pour viols, a mis plus de deux ans à reconnaître avoir tué l'étudiante.
Selon lui, il avait beaucoup bu la veille, l'a rencontrée en bas de chez lui, se rappelant alors avoir fixé un rendez-vous pour faire visiter son appartement. Alors que des voisins ont témoigné avoir vu Sophie arriver seule dans l'immeuble, lui affirme être monté avec elle jusqu'au 6e étage. Il lui prend la main, veut l'embrasser sur la joue. Elle le repousse, l'insulte, ce qui le plonge dans un «état de fureur» incontrôlable. Ses poings et ses pieds se déchaînent sur la jeune femme, elle chute lourdement et ne réagit plus.
Puis «je l'ai déshabillée pour la démembrer» avec une scie à métaux, a-t-il expliqué vendredi. D'abord les jambes, puis la tête pour que cela rentre dans les valises qu'il a chez lui. Seule une partie du squelette de Sophie Le Tan a été retrouvée, par hasard, dans une forêt des Vosges en octobre 2019.
«Le fait d'avoir tué une jeune fille qui aurait pu être ma fille, d'avoir démembré son corps, cela me hante depuis ce jour-là et ça me hantera jusqu'à la fin de ma vie», a affirmé l'accusé vendredi. Des regrets, suivis d'une demande de pardon que la famille très éprouvée de Sophie rejettera, contestant sa sincérité.
Jugé pour assassinat
Jean-Marc Reiser affirme n'avoir pas voulu la tuer. Toutefois, il est jugé pour assassinat et donc pour avoir préparé son acte, ce que, selon l'accusation, démontrent les annonces immobilières fictives à destination d'étudiants et ses multiples lignes téléphoniques aux fausses identités.
A l'appui de la thèse de la préméditation, les avocats des parties civiles avaient de nouveau tenté vendredi de faire ressurgir le spectre de Françoise Hohmann, jeune et jolie VRP disparue en 1987 après avoir sonné à la porte de Jean-Marc Reiser. Il avait été acquitté en 2001 dans ce dossier. La mère de Françoise Hohmann est présente chaque jour au procès.