Tatoueur jugé pour viols «Pourquoi on passe d'une main sur le torse à des doigts dans le vagin ?»

Gregoire Galley

22.5.2025

Un tatoueur de 39 ans, jugé pour viols et agressions sexuelles sur neuf clientes, a déploré mercredi ne plus être «maître de rien», semblant perdre pied lors de son interrogatoire devant la cour criminelle départementale de Seine-Saint-Denis.

Un tatoueur de 39 ans est jugé pour viols et agressions sexuelles sur neuf clientes (image d’illustration).
Un tatoueur de 39 ans est jugé pour viols et agressions sexuelles sur neuf clientes (image d’illustration).
IMAGO/Dreamstime

Agence France-Presse

Tatoueur à Neuilly-sur-Marne jusqu'à son incarcération en juin 2022, Dorian S. - chemise blanche à manches courtes, tatoué au cou et aux bras -, déjà condamné en 2018 pour une agression sexuelle sur une cliente mineure, est poursuivi pour des viols et agressions sexuelles entre 2019 et 2021 ainsi qu'un viol conjugal en 2012.

L'affaire avait commencé en juin 2021, quand une jeune femme avait déposé plainte au commissariat du Raincy, accusant Dorian S. de lui avoir imposé une pénétration digitale et d'avoir frotté son sexe contre elle lors d'une séance nocturne de tatouage, un créneau que l'artiste réservait à «des gens spéciaux».

Mercredi, l'accusé s'est défendu en assurant avoir voulu procurer de la «tendresse» à certaines clientes confrontées à des relations conjugales «toxiques». Pour d'autres, il estime avoir mal interprété de premiers contacts physiques ayant débouché sur un rapport sexuel selon lui consenti.

Stress post-traumatique

«Elle m'a caressé le torse, m'a regardé avec des yeux de biche et elle m'a dit +c'est un mec comme toi qu'il me faudrait+», a-t-il dit à la barre à propos d'une victime.

«Pourquoi on passe directement d'une main sur le torse à des doigts dans le vagin ?», a réagi l'avocate générale Margot Marques. «Comment se fait-il qu'il y en a sept qui se retrouvent avec des symptômes de stress post-traumatique, y compris quatre ans après les faits ?», a également demandé la représentante du parquet.

«Je pense que j'aurais totalement dû arrêter de sortir avec des clientes (...), mettre un processus de consentement éclairé», a relevé l'accusé vers la fin de son interrogatoire.

Mais Dorian S. a aussi avoué avoir l'impression de ne «plus être maître de rien» depuis le début de son procès il y a une semaine. «Je n'ai plus de voix», a-t-il lâché. Il encourt 20 ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu vendredi.