Procès Claude D. Prison à vie et internement pour Claude D.

ATS

27.9.2018 - 17:17

Pour le procureur général Eric Cottier, l'internement ordinaire est la décision qui s'impose, une fois l'internement à vie écarté.
Pour le procureur général Eric Cottier, l'internement ordinaire est la décision qui s'impose, une fois l'internement à vie écarté.
Source: KEYSTONE/LAURENT GILLIERON

Claude D., qui a tué Marie en mai 2013, a été condamné jeudi à un internement ordinaire par le Tribunal cantonal vaudois. Il était déjà sous le coup d'une peine de prison à vie.

L'audience d'appel a été vite expédiée. Une heure le matin et une lecture de jugement qui n'a duré qu'une dizaine de minutes. Autant dire que l'affaire était entendue.

Mettre à mort

La présidente de la Cour d'appel pénale a rappelé le tableau extrêmement noir que les experts psychiatres avaient brossé de l'homme de 42 ans aujourd'hui. Trouble mental grave avec une volonté de dominer, d'humilier les femmes avant de les mettre à mort au cours d'un huis-clos lorsqu'elles veulent lui échapper.

Claude D. n'a "pas changé" et les symptômes sont toujours bien présents. Le risque de récidive est "extrêmement élevé", selon toutes les expertises qui ont été menées. A un point même "inhabituel" qui le classe dans les tueurs multiples et sadiques.

Pas de thérapie

Il n'y a aucune possibilité de traitement pour l'homme qui a tué Marie dans des conditions particulièrement atroces. Pour cette raison, les mesures thérapeutiques institutionnelles réclamées par son avocate Véronique Fontana ne peuvent pas s'appliquer, a jugé la Cour.

Après l'annulation de son internement à vie par le Tribunal fédéral en mars dernier, la seule mesure qui peut convenir à Claude D. est donc un internement ordinaire. Celui-ci accompagne la réclusion à perpétuité que le Tribunal du Nord vaudois avait infligé à l'assassin et que la Haute Cour n'a pas contesté.

Lueur d'espoir

Durant les brèves plaidoiries du matin, Me Fontana avait plaidé "l'homme qui souffre", qui doit être soigné et à qui l'on doit laisser une chance. On ne peut pas dire, selon l'avocate, qu'il n'y pas d'issue possible: il faut laisser "une lueur d'espoir".

Après le verdict, l'avocate a indiqué n'être pas surprise, même si elle "aurait espéré un autre résultat". Elle ne sait pas encore si son client fera recours devant le Tribunal fédéral.

Double emploi

Véronique Fontana a dit regretter que le tribunal n'ait pas exploité "la lueur d'espoir" contenue dans une expertise de Claude D. Elle relève en outre que l'internement fait double emploi avec la prison à vie.

Pour le procureur général du canton de Vaud, il n'y a en revanche aucune lueur d'espoir avec cet individu. Dans sa plaidoirie, Eric Cottier a affirmé que Claude D. n'a "pas changé d'un iota. Il est définitivement manipulateur. Il veut être au centre de l'attente, de la pièce de théâtre. Il veut le premier rôle et assurer en même temps la mise en scène."

Nuit de terreur

Claude D. est "le prédateur et le Ministère public le chien de garde", a poursuivi le procureur. Et il n'y a qu'un seul but: "éviter que d'autres Marie ne succombent à l'issue d'une nuit de terreur", a martelé Eric Cottier.

Claude D. est "totalement impénétrable à une thérapie qui pourrait atteindre ses troubles". Ce qu'il lui faut, ce sont des soins palliatifs, des soins de confort", a fulminé Eric Cottier. Aucune autre femme ne doit tomber dans ses mains: "Deux c'est trop, trois ce serait intolérable", a -t-il lancé.

Peu vraisemblable

Interrogé après le verdict, le procureur général s'est dit "pas surpris". A la lecture des considérants du Tribunal fédéral, on comprend que l'internement ordinaire est la décision qui s'impose, une fois l'internement à vie écarté.

Une sortie de prison de Claude D. "n'est pas totalement impossible", mais extrêmement peu vraisemblable. "Il faudrait un nombre extraordinaire de conditions cumulées. Compte tenu des expertises, la réunion de ces conditions me paraît extrêmement improbable", a ajouté Eric Cottier.

"La décision rendue est juste", a ajouté Me Jacques Barillon, joint après le verdict. "La mémoire de Marie est préservée. La famille va pouvoir achever son travail de deuil". Il s'attend malgré tout à un nouveau recours devant le TF, mais juge ses chances "quasi nulles".

Récidiviste

Pour rappel, Claude D. a tué Marie (19 ans) durant la nuit du 13 au 14 mai 2013 dans une forêt près de Châtonnaye (FR). Il était alors aux arrêts domiciliaires après avoir avoir tué sa première amie et écopé en 2000 de 20 ans de prison.

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